Le Ministre-Directeur Général El Hadj Taïrou BAGBIEGUE au centre d’une gestion hasardeuse et calamiteuse
 
. Le personnel dépassé par la situation, dépose un préavis de grève
 
Depuis plusieurs semaines, le climat au sein de la Société des Postes du Togo (SPT) est assez délétère, lié à un mouvement d’humeur du personnel. Il n’est plus un secret aujourd’hui que la plupart des sociétés d’Etat sont gérées dans une opacité totale avec à la clé, des détournements massifs de fonds. La Société togolaise des Postes n’échappe pas à cette triste réalité dans un pays aux mains d’un Président de la République qui serait diplômé des universités françaises et américaines, mais qui souffre d’un mal chronique de management. Et comme dans ces genres de situations, ce sont les employés qui font les frais et qui sont obligés d’attirer l’attention de l’opinion. A l’instar de ceux de TOGOTELECOM qui ont effectué récemment deux jours de grève, ceux de la Poste aussi ne veulent pas dormir sur leurs lauriers.
 
La SPT et les misérables conditions de vie et de travail du personnel
 
En 1996 après la scission intervenue au sein de l’Office des Postes et Télécommunications du Togo (OPTT), la SPT s’est retrouvée avec de maigres ressources tirées exclusivement de l’activité postale. Face aux maigres recettes de l’époque, la Banque Mondiale avait exigé une restructuration devant conduire au licenciement de 250 agents. Mais les négociations à l’époque entre le Patronat et le personnel ont abouti à des sacrifices pour éviter les licenciements. Au nombre de ces mesures drastiques, la suppression du 13è mois, la suppression des primes de motivation, la prime d’ancienneté, le déblocage des avancements et d’autres avantages. Il a été instauré une assurance-maladie variant entre 3 500F CFA pour le Directeur à 2000 FCFA pour le simple agent. Toutes ces mesures étaient destinées à permettre à la société de retrouver une santé financière. Mais le bazar qui a cours actuellement à la SPT remonte au temps de l’ancien DG Kao Pitassa Julien, demis de ses fonctions en 2007 et remplacé par une nouvelle équipe nommée le 23 novembre de la même année.
 
El Hadj Taïrou Babiegue a pris la tête de la SPT au moment où la société commençait à retrouver une bonne santé financière. Du coup, le personnel longtemps délaissé a commencé à exiger un partage des fruits de cette embellie. Les deux syndicats du personnel, à savoir le SYNAPOST et le SYLPOSTEL ont commencé à exiger à travers un cahier de doléances, l’amélioration des conditions de vie et de travail des agents. Sur initiative de la Direction Générale, une commission chargée de proposer une révision des statuts du personnel a été créée par note de service N° 001540/SPT/DG/DPAS du 05 octobre 2011. Les conclusions des travaux tenus entre le 10 et le 30 octobre 2011 ont abouti à des propositions à l’endroit de la Direction générale. Il s’agit notamment du reclassement des agents, de l’avancement d’échelon tous les douze mois pour les agents à dix ans de la retraite, la révision de la valeur indiciaire à 150, le paiement effectif de la prime pour risque divers et régularisation des impayés, l’augmentation de l’indemnité de logement, de transport et des frais de formation de longue durée, l’augmentation du salaire des contractuels après chaque année de travail pour marquer l’ancienneté, etc.
 
La commission a aussi proposé de prendre des mesures urgentes, notamment l’assainissement du climat social, de la gestion financière, la promotion de la transparence dans les rémunérations, l’organisation des formations qui cadrent avec les emplois, l’arrêt si possible des recrutements, etc. Elle a enfin proposé la rédaction d’un règlement intérieur qui vient compléter les statuts, avec en filigrane la jouissance des congés annuels payants aux contractuels après un service annuel effectif et leur intégration à l’assurance maladie.
 
A la suite de ces travaux, un comité paritaire composé de la Direction Générale et des partenaires sociaux a été mis en place par la direction le 22 octobre 2012 par note de service N° 001653/SPT/DG. Le 29 octobre, le comité paritaire a rendu le rapport général de ses travaux. Sommairement, les conclusions sont les suivantes : d’abord la révision des clauses de la retraite complémentaire, la révision de certains articles du statut du personnel jugés non conformes aux textes règlementaires en vigueur. Il s’agit ici de relever le SMIG qui est toujours de 26 000 F CFA à la SPT alors que règlementairement, il est de 35 000 F CFA ; ensuite l’opportunité d’appliquer l’organigramme de 2003 concernant l’organisation structurelle de la SPT ; la réduction des taux d’intérêts des prêts octroyés au personnel SPT avec le maintien actuel des frais de PAVR (découvert) et enfin les problèmes sociaux à savoir les gratifications par ancienneté, l’application effective à la SPT de l’augmentation de 10% de salaire décidée par le gouvernement, le problème d’avancement, l’équivalence des diplômes, etc.
 
Ces conclusions transmises au Conseil d’Administration ont été soumises au DG qui refuse de les appliquer et menace de convoquer à la Justice les responsables du personnel qu’il accuse d’attaques personnelles. Il refuse l’application du SMIG et le rappel de la prime de risques du 1er janvier 2009 au 31 décembre 2011. Le super DG continue de prélever la retenue d’assurance-maladie alors qu’elle a été abrogée par le statut du personnel qui a pris effet le 1er janvier 2009. Il refuse également la réduction du taux d’intérêt des prêts de 8,5% à 3%. Pendant que M. Bagbiegue refuse de donner une suite favorable aux légitimes revendications du personnel de la société, lui-même et certains de ses complices, au nom de l’impunité instaurée par Faure Gnassingbé, organisent le détournement, le pillage et les malversations au sein de la SPT.
 
Les méthodes de détournements et de magouilles du DG Taïrou Bagbiègue et ses complices
 
Dès sa nomination à la tête de la SPT le 23 novembre 2007, le DG Taïrou Bagbiègue et certains directeurs de département n’ont pas perdu de temps pour s’octroyer des avantages mirobolants, pendant que le personnel végète dans la misère. Le DG s’est immédiatement octroyé en décembre 2007, 20 millions de prêts véhicule sans intérêt. Les six (06) directeurs de département s’en sont eux, sortis avec 10 millions de FCFA sans intérêt. Le DG a deux véhicules de fonction avec deux chauffeurs et 1400 litres d’essence par mois, dans un pays où le carburant est devenu un luxe et où on tire sur les vendeurs de carburant illicite comme des lapins. En plus de véhicules et de chauffeurs, le DG et les chefs de département ont des primes de déplacement. Le comble est qu’ils ont une prime de 101 000 F CFA pour recruter un chauffeur de domicile, mais ils utilisent toujours les chauffeurs de la SPT pour leurs activités privées.
 
Le sieur Taïrou Bagbiègue a été nommé depuis plus de deux mois au poste de ministre des Mines et de l’Energie. Le Togo étant un pays de cumulards sous la bienveillance du Prince, le nouveau ministre cumule son nouveau poste avec celui du DG de la SPT. Il continue allègrement de vivre et de se déplacer avec les moyens de la Poste, à savoir logement, voitures, chauffeurs, dotation en carburant et autres.
 
Curieuse rénovation de l’ancien bureau de poste de Dapaong confiée à coût de surfactures
 
Le ministre des Mines et de l’Energie, Directeur Général de la SPT nourrit des ambitions politiques dans sa région. Chose assez légitime pour un cadre de la localité. Mais pour réaliser son rêve de devenir député à la prochaine législature, le cumulard a trouvé une astuce pour réaliser quelques œuvres. C’est ainsi qu’il a décidé, au nom des pouvoirs dont il dispose à la tête de la SPT, de réaménager l’ancien bureau de poste de Dapaong, un bâtiment de l’époque allemande qui serait encore très solide, et de construire des bureaux de poste à Korbongou et Djarkpanga. Si le coût de la construction des bureaux des deux localités citées n’est pas connu, celui de la rénovation du bureau de Dapaong frise le scandale et pue le détournement. D’un coût total de 68 317 947 F CFA, la rénovation de l’immeuble a été morcelée en 4 lots, attribués en consultation restreinte, en réalité sans appel d’offres, à une société dirigée par un proche de sa femme, pour ne pas dire sa femme. Entreprise de la Nouvelle Technologie, d’Electricité et de Télécommunications (E.N.T.E.T) a raflé la plupart des lots dont les coûts seraient surfacturés. Etait-il nécessaire de morceler en 4 lots ces travaux pour les confier à la même entreprise ? Pour ceux qui connaissent le bureau de poste de Dapaong, le coût de la rénovation tel que l’indiquent les documents en fac-similé, est largement au-dessus de la réalité. Aménager un espace vert au bureau de poste de Dapaong à plus de 16 millions n’est rien d’autre qu’une pure folie.
 
Surfacturation dans l’achat des bus, missions fantaisistes, dilapidations des fonds de la société
 
La Poste, ce n’est plus uniquement le transport des courriers, mais aussi des passagers afin de diversifier les activités en cette période où l’internet, les réseaux sociaux constituent véritables concurrents. Cette nouvelle activité de la Poste est un autre pôle de magouilles, de malversations et de détournements dont seul le DG et quelques complices ont le secret. L’achat des bus, des pneus et autres pièces de rechanges n’est rien d’autre qu’un vaste mouvement d’ensemble de prévarication.
 
Tenez, un bus de 15 places acheté à CICA Toyota revient à 20 millions de F CFA TTC. Mais, aussi curieux que cela puisse paraitre, le même bus 15 places acheté chez les Chinois revient à 40 millions TTC pour la SPT. Les fraudes et les surfacturations se font également dans l’achat des pièces de rechanges des bus, notamment les pneus Goodyear ou Falken. Ici, les pneus d’origine chinoise coûtent plus chers que les originaux, et Monsieur le DG les achète dans la boutique d’un parent à lui à Agbalépédo. Conséquence, le parc automobile de la société compte aujourd’hui 24 bus dont aucun ne répond. Les longs voyages, de l’avis des chauffeurs, prennent fin à Gléi. La SPT est obligée, pour conduire ses passagers à destination, de louer des bus appartenant à un certain Seydou, bien connu à Sokodé. Tous ceux qui ont voyagé avec les bus de la Poste ont toujours fait face aux pannes, au changement de véhicules et à d’autres désagréments.
 
Des dons fantaisistes aux missions budgétivores
 
Le ministre Directeur Général de la SPT est un musulman convaincu, et c’est au nom de sa foi que pendant les fêtes de Ramadan et de Tabaski, il distribue les maigres ressources de la société à ses frères de même religion. Une générosité qui n’est pas observée lors des fêtes chrétiennes. En dehors du Directeur Général, le Directeur des Affaires financières et son adjoint participent aussi à la prévarication de la société. Il arrive souvent que les deux désertent leurs bureaux pour participer à la même mission à l’extérieur, dans l’unique but de s’octroyer des frais de mission, comme l’indique le document en fac-similé.
 
Cette hasardeuse et scandaleuse gestion combinée au refus du ministre Directeur Général de donner une suite heureuse aux revendications du personnel, a mis la SPT dans une situation délétère, avec la menace d’un préavis de grève. un préavis a été justement déposé hier. Si tant est qu’au sommet de l’Etat, on est un tant peu soucieux de la saine gestion des affaires publiques, on ne ferait pas de ce monsieur un ministre après tous les dégâts qu’il a commis et continue de commettre à la SPT. Mais nous sommes au Togo et depuis plus de 7ans, Faure Gnassingbé ne cesse de faire la promotion des pilleurs, des prévaricateurs et autres délinquants de la République qui, dans un pays normal, devraient passer devant les Tribunaux pour justifier la licité de leurs avoirs.
 
Le cas Taïrou Bagbiègue est un véritable paradoxe qui illustre le bordel qui règne au sommet même de l’Etat. Etant encore DG de la SPT, Monsieur Bagbiègue peut être interpellé à tout moment par le ministre des Postes et Télécommunications qui se trouve être son collègue au gouvernement. Bizarre n’est-ce pas ?
 
De plus, de nos investigations, il ressort que le Conseil d’Administration n’existe que de nom. De 7 membres au départ, il se compose aujourd’hui seulement de trois, avec à sa tête Ouro Akondo Bandifo, un ancien «sous ministre» et une surprise de taille. C’est la présence dans ce conseil du sieur Jean-Pierre Gbipki, ancien ambassadeur du Togo au Ghana, poursuivi dans la scabreuse affaire d’escroquerie internationale. De toute évidence, sous le règne du Prince, la bonne gouvernance, l’obligation de rendre des comptes, l’éthique dans la gestion des affaires publiques sont de vains mots.
 
Mais à la sortie de cet article, ne soyez pas étonnés que les «escrocs de la presse» volent au secours de l’indélicat DG-ministre qu’ils présenteront, moyennant ce que tout le monde sait, comme le meilleur gestionnaire de la SPT. Dossier à suivre.
 
Ferdi-Nando
 
lalternative-togo
 

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