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C’est raté, l’élection du Président de la République togolaise pour le quinquennat 2015-2020 ne sera pas sans contestations. En particulier les conditions de proclamation des résultats provisoires par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), ont remis en cause le calme, la sérénité et le consensus qui ont marqué le processus jusqu’à son ultime phase.
 
Sous la pression, Taffa Tabiou a proclamé Faure Gnassingbé (48 ans) vainqueur de la présidentielle du 25 avril. Au pouvoir depuis 2005, le président sortant se tire d’affaire avec 58,78% des voix contre 34,95% pour le candidat du Combat pour l’alternance politique en 2015 (Cap-2015), Jean-Pierre Fabre (62 ans).Des résultats provisoires qui devront attendre le verdict définitif de la Cour constitutionnelle, après études d’éventuels contentieux. Plus de suspense concluent cependant les observateurs.
 
Pourtant, le vice-président de la Céni, Francis Pédro Amuzun (opposition) peste contre un coup de force électoral, pendant qu’au Cap-2015, on dénonce des irrégularités dans six Circonscriptions électorales du pays, sur les 42. Juste après le passage des présidents Alassane Ouattara et John Mahama-Dramani, le président de la Céni a pris sur lui de proclamer les résultats en l’absence de ses collègues de l’opposition.
 
Aux sources des certitudes de l’opposition
 
De source proche du Cap-2015, Jean-Pierre Fabre est le vrai vainqueur de cette présidentielle. Le principal challenger du président sortant, aurait obtenu environ 70% de voix dans la capitale, contre seulement un peu plus de 29% pour Faure Gnassingbé. Jean-Pierre Fabre aurait également bénéficié de 4/5ème des suffrages exprimés dans la région maritime et serait en ballottage avec le candidat de l’Union pour la République (Unir) dans les savanes et les plateaux, alors que l’héritier du Gal Gnassingbé Eyadéma, l’emporterait largement seulement dans son bastion de la région de la Kozah.
 
Restent cependant des chiffres pour étayer toutes ces certitudes, sans compter que la faiblesse du taux de participation dans les fiefs de l’opposition, l’appel au boycott d’une partie de l’opposition, le départ du pays de certains électeurs à la veille du scrutin (…) sont de nature à relativiser ses performances de Jean-Pierre Fabre, saluées par le Prof. Aimé Gogué, arrivé à la 3ème position selon les résultats provisoires.
 
Polémique après le passage de Mahama-Dramani et Alassane Ouattara
 
Alors que la phase de compilation des résultats battait de l’aile du fait des irrégularités constatées dans les résultats de six Commission électorales nationale indépendante (Céli) dans la région septentrionale, Taffa Tabiou est passé à l’acte se fondant sur des recommandations des deux présidents Ghanéen et Ivoirien. « Ils nous ont recommandé d’aller vite et de remettre les résultats provisoires à la Cour constitutionnelle le lendemain », explique le président Tabiou (Mouvance présidentielle). Faux rétorquent les partisans de Jean-Pierre Fabre. « Les deux présidents ont conseillé que les résultats des Céli litigieux soient mis de côté, et que ceux sans problèmes soient proclamés en attendant un règlement », a indiqué le candidat du Cap-2015, après sa rencontre avec les deux leaders.
 
Taffa Tabiou s’est même permis des égarements lors de sa proclamation sous pression. Fait curieux, le général malien Siaka Sangaré, envoyé par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), et qui se montrait jusque-là intraitable, a disparu du circuit.
 
En attendant la proclamation des résultats définitifs par la Cour constitutionnelle, Lomé tourne au ralenti. Presque tous les Togolais espèrent en tout état de cause, que le calme et la paix soient préservés. Un autre défi pour lequel la communauté internationale et les organisations de la société civile, tentent d’anticiper. L’hypothèse d’un partage du pouvoir est évoquée. Jean-Pierre Fabre prochain Premier ministre de Faure Gnassingbé ?
 
source : Le Canard Indépendant
 

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