C’est un secret de polichinelle, l’enseignement primaire public au Togo est un véritable problème. Insuffisance d’infrastructures scolaires, de matériels didactiques, d’enseignants… tels sont les problèmes souvent évoqués dans les écoles. Mais à l’intérieur du Togo, la situation est plus préoccupante.
 
Les salles de classes et autres matériels didactiques manquent, et si certaines infrastructures existent, elles sont en état de délabrement avancé. L’insuffisance de tables-banc pousse les élèves à s’asseoir à même le sol. S’ajoutent à cela, les conditions de vie et de travail misérables des enseignants qui ne cessent de revendiquer, sans toutefois avoir gain de cause. Ils sont simplement tournés en bourrique par le ministère de tutelle. Telle est la caricature des des écoles primaires publiques de l’intérieur du Togo. La situation est invivable pour les acteurs de la vie éducative scolaire, les enseignants et les élèves.
 
La plupart des salles de classes sont en argile recouvertes de paille, et il n’existe pas d’électricité, ni eau. Si à l’intérieur, le taux de scolarité est faible, le pourcentage des garçons est élevé par rapport à celui des filles. «Une fille à l’école, ça n’aboutit à rien », telle est la conception partagée qui pousse à ne pas envoyer les filles à l’école. Et l’autre cause de ce faible taux de scolarisation, ce sont les mariages précoces. « Certains parents bien informés ont la volonté d’envoyer leurs enfants à l’école mais faute de moyens, ils désistent », déplore un enseignant qui indique que le pourcentage des enfants non scolarisés est de 45% à Dapaong.
 
Jeune fille de 17 ans, Odette Yendoutié, raconte son calvaire : « J’avais laissé l’école en classe de Cm1, contrainte par mes parents. J’ai passé deux ans à la maison en conduisant les bœufs et en aidant ma mère ». Actuellement en classe de quatrième à Gnon-Fati, elle confie avoir repris les classes grâce à l’Ong IT Village qui finance désormais ma scolarité. « C’est mon coup de chance, j’en profiterai à merveille pour aller au bout», avoue-t-elle.
 
L’autre problème dans la région, c’est la sécheresse. A cela s’ajoute l’appauvrissement des terres qui n’offrent pas de grandes récoltes aux paysans afin de financer la scolarité des enfants. Cette condition climatique est aussi à l’origine de la pauvreté et de la malnutrition qui expliquent également le faible taux de scolarité. « En mars, mai, juin, la sécheresse rend la terre incultivable. En ce moment la production est investie, les greniers sont vides, et il n’est pas marrant qu’un enfant de six ans prenne un repas par jour. C’est seule la nuit qu’on prépare dans les foyers, et s’ils ont de la chance qu’il y a reste de pâte d’hier, ils en font leur petit déjeuner. A peine trente minutes que l’enfant suit les cours, il se sent malade et il regagne la maison. Sur cent foyers, à peine dix arrivent à bien nourrir leurs enfants », explique Koak Kolani Kinansoa, Directeur de l’EPP Koudjoak.
 
Les enseignants de ces écoles ne sont pas les mieux traités. Ils ne sont pas nombreux à être recrutés par l’Etat, et pour cela, ce sont les villageois qui triment pour payer aux volontaires les modiques salaires (sic), parfois 10 000FCFA, afin qu’ils assurent l’éducation de leurs progénitures. La situation de ces volontaires est alarmante d’autant plus que le gouvernement a interdit aux parents d’élèves les cotisations parallèles depuis l’annonce de la gratuité de l’école. Ces conditions de vie obligent nombre d’entre eux à abandonner l’enseignement pour s’adonner aux activités plus rémunératrices. « Les enseignants volontaires désertent les classes sans préavis pour des mois. Ceci embrouille les programmes de l’année… A quoi sert le ministère des Enseignements primaire et secondaire s’il ne peut pas assister les acteurs de l’éducation scolaire ? Pas de prime de travail pour les enseignants, pas de cantine ni de pharmacie scolaires comme promis… », se désole un directeur d’école de la région.
 
 
Annie-Stevia W.
 
lalternative-togo.com
 

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