Faure n’a pas le courage de ses ambitions et fait jouer le rôle à ses « supporting clubs »

 
Le « vieux parti » devrait finalement survivre à la tempête
 
Si l’alternance au Togo dépendait du nombre de partis politiques existants, elle devrait être une réalité depuis des lustres, car notre pays en compte assez, la quatre-vingtaine au moins. Mais la famille devrait – encore – accueillir un nouveau bébé. Pas venant de ces Togolais anonymes qui sortent de nulle part, ou de ces compatriotes de la diaspora qui pensent que le séjour de quelques années dans le froid occidental leur offre la panacée à l’équation togolaise, mais du plus éclairé (sic) des « princes » Gnassingbé. Mais c’est la manière d’y procéder qui est très peu orthodoxe et laisse à désirer.
 
Jamais de l’histoire politique du Togo, un acteur ne s’est fait autant désirer pour porter sur les fonts baptismaux son parti politique. Mais dans le cas de sa nouvelle formation politique annoncée depuis des mois voire des années, Faure Gnassingbé se fait presque draguer. Un détenu disait de Massina Yotroféï, au cours du procès d’atteinte à la sûreté de l’Etat, d’avoir créé la fiction et distribué à sa guise des rôles à des gens ; le « Leader nouveau » aussi, n’ayant visiblement pas le courage de ses ambitions, fait jouer le rôle à ses « supporting clubs ». « C’est une première au monde que des gens supplient un acteur de créer son propre parti politique. Dans le cas d’espèce, ces associations quémandent presque cela à Faure. C’est trop ludique pour penser que ces appels du pied sont désintéressés et qu’il n’y a pas derrière tout ça la main du Prince lui-même…Manifestement il lui manque du cran pour donner corps à ses ambitions », glose un observateur. Ses « fans clubs » étaient encore dans l’arène ce samedi. Ils ont pour noms le Mouvement des jeunes porte-parole du gouvernement (Mjpg) et la Nouvelle jeunesse pour le soutien au président Faure (Njspf).
 
Le boulot aux « fan clubs »
 
Les premiers étaient dans les rues de Lomé, avec pour objectif bien précis : demander à leur idole de mettre en place «un creuset national de rassemblement de tous les citoyens patriotes, engagés pour le développement ». Ce serait donc un second creuset national au Togo, après le Rassemblement du peuple togolais (Rpt) en 1969. «La création d’un nouveau parti au Togo est indispensable pour lever la barrière des préjugés et opérer un large ratissage des Togolais de tous bords et de toutes sensibilités qui seront motivés à s’engager dans la gigantesque œuvre de reconstruction nationale », a déclaré Koubalkota Yéda Francisca, la porte-parole du Mjpg. Une nouvelle formation ne peut que contribuer à « concrétiser la politique de réconciliation nationale menée par le président Faure Gnassingbé », y croit-on dur comme fer. Mais le désolant, c’est l’âge de certains marcheurs. Ils auraient à peine la quinzaine, et ignorent l’importance d’un parti politique pour en demander la création à Faure.
 
Quant aux responsables de la Njspf, ils ont tenté de brouiller les pistes en mettant en avant l’assemblée générale pour une pseudo installation de l’antenne locale de Lomé Commune et de la préfecture du Golfe. Mais les observateurs avisés ont vu très tôt l’idée cachée derrière, demander à l’ « Esprit nouveau » de créer son propre parti, et une action coordonnée avec le Mjpg dans ce sens. Et les faits ne les ont pas démentis. « La Njspf ne peut que souhaiter l’avènement d’un nouveau parti propre au Président Faure et au sein duquel viendront se fondre toutes les dynamiques populaires qui œuvrent en sa faveur », a déclaré le président de l’association Noël Depoukn, après avoir égrainé le chapelet de bonnes œuvres (sic) de son idole. « Les populations attendent impatiemment cette nouvelle formation politique…La Jeunesse togolaise de toutes les localités conjure le Président Faure de leur offrir ce cadre fédérateur des visions constructives qui transcendent les incompréhensions…C’est pour cela que je saisis encore une fois l’occasion pour réitérer l’appel de la Njspf au Président Faure pour la création d’un parti fédérateur des sensibilités qui adhèrent à la ‘’NOUVELLE VISION’’ », a-t-il chanté par la suite.
 
Le Rpt finalement épargné ?
 
Sa disparition devrait être le dégât collatéral de la création du parti propre à Faure Gnassingbé. Mieux, c’est sur ses cendres que devrait naître le nouveau bébé. Ses mouvements de soutien dont le Mouvement de soutien à Faure (Msf) préparaient d’ailleurs depuis des mois voire des années les esprits à la disparition du parti d’Eyadéma et avaient maille à partir avec certaines populations. Le futur patron de parti a, à maintes reprises, rencontré les barons, les députés et autres dignitaires du Rpt pour les convaincre de sa disparition, et des espèces sonnantes et trébuchantes auraient été mises dans la balance pour éprouver leur résistance. Le « Leader nouveau » aurait convoqué par deux fois au moins des conclaves à Kara pour prononcer la dissolution officielle du vieux parti, qui l’empêche tant de bien gouverner – hum…Mais apparemment la donne a changé.
 
Aujourd’hui il n’est plus forcément question de faire disparaître le Rpt pour faire place au nouveau parti de Faure. En tout cas c’est ce que les esprits avisés comprennent de certains propos du patron de la Njspf, surtout quand on sait que ces patrons d’associations de soutien sotn dans le secret des dieux. « C’est le lieu pour moi, face à des propos abracadabrantesques des gens qui m’ont mal compris, de préciser que la naissance d’un nouveau parti ne saurait signifier l’enterrement d’un autre. La Njspf n’ayant donné la vie à un parti politique, ne saurait décider de sa dissolution. Et en aucun moment nous n’avons tenu pareilles allégations », a-t-il tenu à préciser. Voilà de quoi rassurer les caciques du Rpt qui faisaient de la résistance et bloquaient Faure dans sa dynamique. L’ « Esprit nouveau » n’est d’ailleurs plus trop obligé de dissoudre le « vieux parti », du moment où son plus grand cauchemar, Kpatcha Gnassingbé qu’il craignait de récupérer le parti à son éventuelle sortie de prison y est coincé pour environ 18 ans encore, et en plus est déchu de tous ses droits civiques ; et aussi que l’autre menace Assani Tidjani est également neutralisé.
 
On est même tenté de croire en une simple mue ou changement d’identité du Rpt en le nouveau parti, comme l’Union togolaise pour la démocratie (Utd) d’Edem Kodjo qui est devenue la Convergence patriotique panafricaine (Cpp), ou encore en une révolution de palais qui a vu l’Alliance nationale pour le changement (Anc) naître des entrailles de l’Union des forces de changement (Ufc). « Toutefois, en observant la vie politique nationale, on peut aisément constater que des associations voire des formations politiques ont changé d’identité ou se sont fondues en une nouvelle association ou parti politique en prenant de la hauteur par rapport aux défis et enjeux à l’horizon », relativise Noël Depoukn.
 
Tino Kossi
 
source: liberté hebdo togo

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