Le samedi 14 avril 2012, tout le monde le sait, le Rassemblement du peuple togolais (RPT) a vécu. Son acte de dissolution a été prononcé à Blitta, en dépit de toute la confusion et de tout le flou épistémologique (selon le philosophe) qu’on a voulu entretenir à un moment donné avec les idées de fusion-dissolution et de fusion-création.
 
Ce flou, il semble que même jusqu’au dernier moment, le tout-puissant Koffi Kadanga Walla, l’un des barons du RPT, l’inamovible DG de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) qui à raison, se croyait profondément ancré dans les bonnes grâces de Faure Gnassingbé, n’y aurait pas échappé. Ce que le vieux n’aurait pas supporté et qui aurait fait monter subitement chez lui l’adrénaline. Il n’aurait eu la vie sauve que grâce à des soins hospitaliers.
 
Quelques jours ou semaines avant la dissolution du RPT, celui qui était jusque là président d’honneur du parti aurait rencontré certains barons pour les rassurer qu’il n’allait pas dissoudre le RPT et qu’il s’agirait tout simplement d’une fusion du parti avec d’autres. Comment les destinataires d’une telle information ne la croiraient-ils pas avec toutes les dispositions qui ont été prises ? En effet, Faure Gnassingbé par le canal du Tout-puissant Directeur Général de la CNSS aurait commandé dix mille (10.000) T-shirts assortis de casquettes à l’effigie du parti enterré ce même 14 avril.
 
En effet, après avoir affronté plusieurs résistances tant au cours des tournées de ses émissaires chez les populations de l’intérieur qu’à l’occasion de ses propres rencontres et discussions avec les caciques du régime Eyadèma et quelques membres fondateurs encore en vie, la dernière recette qui a consisté à flouer et prendre de court les résistants, fut la fameuse idée de fusion-dissolution. A la demande de l’ex-président d’honneur du RPT, Koffi Walla aurait investi deux cent cinquante millions (250.000.000) de francs CFA dans la construction d’une grande tente dans le style Kadhafi avec climatisation et une décoration extraordinaire objet d’attraction.
 
Pourquoi avoir adopté cette formule alors que Faure Gnassingbé était bien conscient que finalement, il allait aboutir à l’enterrement du parti plus que quarantenaire ? A Blitta, séance tenante, Mme Christine Agnélé dans son discours avait bien précisé que la fusion-dissolution a les mêmes conséquences que la dissolution. Voilà qui était bien clair. Parlant de fonds, nos sources rapportent que Ingrid Awadé de la Direction Générale des Impôts aurait aussi investi des fonds dans les cérémonies de Blitta et Atakpamé et dont le montant n’est pas connu.
 
Faure Gnassingbé et Koffi Walla, avons-nous appris, se seraient donné rendez-vous à 8h à Blitta. Constatant que le chef de l’Etat avait accusé un grand retard, aux environs de 10h, il avait été obligé d’appeler Faure Gnassingbé sans suite. A environ 20 minutes de l’atterrissage de son hélico à Blitta, Faure Gnassingbé lui-même le rappelle et lui aurait annoncé qu’il était en train d’arriver. Dans cette ville-chef-lieu de préfecture, à l’arrivée du Chef de l’Etat, il n’a pas été possible au Tout-puissant « J’ai été nommé par décret, il faut un décret pour me faire partir », d’approcher Faure Gnassingbé et échanger la moindre parole avec lui.
 
Entre-temps, le chef de l’Etat aurait fait parvenir au DG Walla, un bout de papier sur lequel il aurait demandé à celui-ci de le suivre à sa sortie. Lorsque Faure Gnassingbé se déplaçait vers son hélico pour prendre la direction d’Atakpamé, on soupçonne qu’il aurait donné de consigne à ses gardes que personne ne devait le suivre. Lorsque le sieur Walla s’était lancé dans son sillage pour prendre place à bord de l’hélicoptère, il fut interrompu dans sa marche par sa sécurité. C’est alors que celui-ci expliqua que le chef de l’Etat lui a demandé de venir avec lui. On l’immobilisa et un élément de la garde présidentielle avait approché Faure Gnassingbé pour l’informer du cas Koffi Walla. Le retour n’aura pas été positif. Déçu, Koffi Kadanga Walla se met en route par ses propres moyens ; direction : Atakpamé.
 
Arrivé dans les Plateaux, il apprend que Faure Gnassingbé a déjà quitté Atakpamé pour Lomé. Il eut l’impression que le monde s’écroulait sous ses pieds. Le maintenu depuis plusieurs années à la tête de la CNSS pour des intérêts occultes, non pas au profit de la République mais du clan Gnassingbé, en dépit des dénonciations de l’arbitraire, aurait « fondu tel une bougie ». Ce septuagénaire admis à la retraite depuis près d’une quinzaine d’années, n’aurait pas résisté au choc psychologique. Il aurait été transporté d’urgence en France pour des soins et serait déjà rentré selon certaines sources. Selon d’autres, c’est dans une clinique locale qu’il aurait été transporté et il aurait recouvré la santé.
 
Commentaire
 
Qui aurait cru que pareil tour aurait pu être joué à ce produit du sérail et du RPT qui s’est toujours pris pour un intouchable, un tout-puissant, au point de narguer toute la presse qui ne comprenait pas que dans un même pays où tous les citoyens devraient être égaux devant la loi, il puisse, passé l’âge de la retraite, rester au poste pendant encore une quinzaine d’années ? C’est ici le lieu de dénoncer la complicité d’un certain Gilbert Houngbo qui, face aux dénonciations répétées et à son interpellation sur ce sujet quelques mois après sa nomination comme Premier Ministre, avait rassuré les Togolais qu’il était convenu un processus qui aboutirait incessamment à son départ de la CNSS. Depuis 2008, le monsieur est toujours là au poste.
 
Des proches du chef de l’Etat ont toujours présenté ce dernier comme quelqu’un, qui vous répond oui, mais procède par non au finish et vice-versa. D’autres encore le présentent comme quelqu’un qui prend le temps de vous écouter avec un air angélique, mais à l’arrivée ne tient compte de rien, pas même de vos conseils ou propositions et fait ce qu’il veut. Ce que nous venons de présenter ici, s’il correspond à la réalité dans les menus détails, il faut dire que c’est regrettable que ce soit la voie choisie pour parvenir à la dissolution du parti. Chaque médaille, dit-on, a son revers. Il y a ceux qui jubilent aujourd’hui que Faure Gnassingbé s’est montré courageux et audacieux et a posé un acte qui va marquer la rupture avec les pratiques anciennes et lancer le pays sur la voie du renouveau. Vivement que ce ne soit pas un simple mirage.
 
Si une personnalité comme Koffi Walla, avec tout ce service rendu, a pu être roulé de cette manière, il y a lieu de reconnaître que toute la République est en danger, car quelles que soient les circonstances et les raisons, il y a une éthique à observer, si l’on est réellement un leader, un vrai conducteur d’hommes. Selon plusieurs sources, des fonds de la CNSS auraient été utilisés par « le protégé » ces dernières années pour acheter des appartements ou des villas au prince en France et ailleurs. Selon certains, des DAT (dépôts à terme dans les banques) auraient aussi servi à cet effet.
 
Entre nous, est-il normal d’investir toute cette fortune pour voir dissoudre un parti ? Dix mille T-shirts et casquettes au moment d’une dissolution, pour quoi faire ? Quel que soit le manège, voilà qui confirme tout le gaspillage sous celui qu’on dit faire de la bonne gouvernance. En tout état de cause, les barons ne peuvent voir investir une telle fortune pour une dissolution. Et c’est ainsi, faut-il le dire, que Faure Gnassingbé au fil des ans, se met tout le monde à dos.
 
E. Djibril
 
 
liberte-togo.com
 

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