LES ORGANISATIONS DE DEFENSE DES DROITS DE L’HOMME

 

ACAT-TOGO, ATDH, ATDPDH, CACIT, CTDDH, GRAD,

 

LTDH, JDHO, SOS JED, SYNERGIE-TOGO

 

DECLARATION DES ORGANISATIONS DE DEFENSE DES DROITS DE L’HOMME

 

RELATIVE A LA CRISE ESTUDIANTINE DE L’UNIVERSITE DE KARA

 
Le Lundi 20 février 2012, les étudiants de l’Université de KARA réunis au sein de l’Union Nationale des Elèves et Etudiants du Togo (UNEET) ont voulu organiser une Assemblée Générale sur le campus universitaire. Dans la plate-forme revendicative figuraient entre autres la libération des étudiants arrêtés et emprisonnés, le payement des bourses d’études à tous les étudiants, et le départ des militaires du campus universitaire.
 
La manifestation a été empêchée à coups de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc des militaires habillés en tenues de policiers.
 
A la suite des échauffourées, les nommés ALINKI M’Clawa, AGNITE Massama, BITSIOUDE Birénam et PASSOKI, tous étudiants à l’Université de Kara, ont été interpellés, méchamment violentés et jetés à la prison civile de Kara sans charges valables.
 
Le Samedi, 25 février 2012, tard dans la nuit, ils ont été libérés sans aucune autre forme de procès.
 
Le Lundi 19 mars 2012, l’étudiant TALAKI Tchaou a été sérieusement matraqué et atteint au niveau de la tête, après avoir été pourchassé par les agents de sécurité et tenté vainement de s’échapper. Il est actuellement admis au Centre Hospitalier Universitaire de Kara où il suit des soins intensifs.
 
Le Mardi, 27 mars 2012, au lendemain du mot d’ordre «campus mort», les étudiants AGNITE Massama, BITSIOUDE Birénam ont à nouveau été arrêtés en compagnie de SIGUIBA Mohamed. Ils ont été tabassés et jetés en prison.
 
Au regard de ces événements devenus récurrents dans les deux Universités de notre pays, les ODDH sont préoccupées par la gestion de ces deux institutions du savoir régies par des règles spécifiques de fonctionnement. Mais force est de constater que les forces armées interviennent à tout bout de champ et font un usage disproportionné et aveugle de la force sur les étudiants.
 
D’après les informations parvenues aux ODDH, l’auteur de cette répression aveugle et barbare se trouve être le Commandant OUADJA, chef du Groupement de la Gendarmerie de Kara, cité dans le Rapport de la CNDH comme tortionnaire.
 
En outre, les ODDH voudraient rappeler les citoyens des villes intérieures du pays en général et les étudiant de l’Université de Kara en particulier ne doivent pas se voir imposer un statut particulier en ce qui concerne le droit de manifester. Il y a lieu de se souvenir des propos ethnocentristes de l’actuel Ministre de la santé Charles Kondi AGBA selon lequel « depuis quand les Kabyè font grève », et du Préfet du Golfe M. Koffi MELEBOU pour qui ce sont les éléments venus de Lomé qui cassent à Kara.
 
A cet effet, les ODDH, dans leurs actions de protection et de défense des droits humains :
 
– S’indignent du fait que les autorités de notre pays veuillent miser sur la fibre ethnique pour noyer les mouvements sociaux en général et les actions des étudiants de Kara en particulier ;
 
– S’insurgent contre le déguisement des militaires en agents de police dans l’intention manifeste de mater les mouvements estudiantins qui portent des revendications légitimes ;
 
– Dénoncent l’invasion de l’Université de Kara par les forces de l’ordre et de sécurité et autres milices affiliées qui font feu de tout bois pour étouffer les revendications légitimes des étudiants ;
 
– Dénoncent avec la dernière énergie le silence coupable du Ministre de l’Enseignement Supérieur.
 
Les ODDH demandent en conséquence :
 
1- La libération immédiate et sans délai de tous les étudiants interpellés ;
 
2- La prise en charge, par les autorités universitaires, des soins médicaux et hospitaliers des étudiants blessés ;
 
3- Le retrait immédiat et sans condition des forces de l’ordre et de sécurité de l’Université de Kara ;
 
4- Le relèvement du Commandant OUADJA de ses fonctions actuelles et sa mise à la disposition de la justice ;
 
5- Le démantèlement et le retrait des personnes « non-identifiées » qui sèment la terreur au sein de la population estudiantine ainsi qu’un climat de méfiance et d’insécurité sur les lieux de mobilisation ;
 
6- Le respect scrupuleux, par les autorités universitaires, des franchises universitaires pour l’avènement d’un climat d’apaisement favorable à la poursuite des négociations en vue d’un dénouement heureux de la crise estudiantine ;
 
7- La cessation des déguisements des militaires qui s’habillent en gendarmes et en policiers.
 
Fait à Lomé, le 29 mars 2012
 
Pour les ODDH,
 
Me Ata Messan Zeus AJAVON
 

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