« Là où il y a une volonté, il y a un chemin ». Charles de GAULLE, dans ses Mémoires de guerre revient sur le temps de réflexion et d’imagination qui fait les grands hommes d’Etat dans l’épreuve pour répondre aux défis qui engagent entièrement la vie des collectivités et des nations. La capacité de transcender les écueils pour déboucher sur des solutions les plus adéquates relève d’un engagement ferme et responsable dans les moyens qu’on se donne doublée d’une intelligence à défendre le progrès, les valeurs qui ne laissent sur le quai de l’Histoire les espérances du plus grand nombre avec un respect scrupuleux des droits des minorités. Les choix et les options de ceux qui gouvernent ont l’exigence d’intégrer l’existence et l’épanouissement de tous.
 
Quand ceux qui ont la charge de veiller sur les nations sèment le vent qui éteint les principes du vivre-ensemble, quand ils se réfugient dans l’obsession de leurs privilèges au détriment de l’avenir des peuples, alors ils allument le feu qui s’étend hors de leur propre contrôle. L’illusion de la force brute se dissipe dès que le principe de réalité surgit et s’impose. La récidive du pouvoir togolais à reprendre le même chemin grandit en ce que les vices impunis du régime ont pris ses dirigeants en otage. Faire du pouvoir une source de privilèges insensés, d’exactions, c’est s’inoculer le venin d’une aventure mortelle, se transformer en de pires ennemis de la République. Les privilèges abjects maudissent l’homme parce qu’ils en évacuent l’honnêteté, la droiture, l’humain-patron, le sens de la justice et lui fait perdre l’âme qui, dans le courant du fleuve des intérêts personnels, se jette dans l’océan pour périr. Il y a des considérations suprêmes sur lesquelles se bâtit l’avenir d’une Nation.
 
Tous les peuples qui souffrent de leurs dirigeants ou qui se plaignent d’eux, sans être écoutés, sont indubitablement en situation de danger permanent. Car, à leurs problèmes, les hommes du pouvoir ne sont pas les remèdes mais, l’angoisse existentielle, la peur de l’avenir qui laisse présager des ruines, voire l’hécatombe. En vingt-deux ans de dialogue au Togo soit en l’espace d’une génération, le piétinement est le même et s’apparente à une folle marche à reculons lorsque nous levons notre regard par-delà nos frontières. Notre monde d’aujourd’hui en une maison de verre nous renseigne constamment sur nos propres ordures, l’entêtement d’un régime à passer outre nos aspirations, à piller nos sociétés d’Etat, à cultiver l’impunité, à fausser le jeu démocratique par des fraudes massives… A ce sujet nous comprenons LA ROCHEFOUCAULD dans ses Maximes lorsqu’il écrit : « Ceux qui ont de la fortune croient toujours avoir raison et ils en font le soutien de leur mauvaise conduite». Le « Club du petit» s’est constitué en un clan de prédateurs du pillage de notre République. C’est à cette bande que Faure GNASSINGBE confie le haut commandement de son parti politique UNIR parce que par elle, tous les crimes politiques vite surviennent.
 
Les conditions d’un triomphe solitaire du «petit» sont créées parce que l’Accord Politique Global (APG) est ce que le pouvoir renie le plus en sortant du cadre d’exécution des réformes et rejetant le principe du consensus qui conditionne ces réformes telles que le prévoit l’assentiment des signataires. Nous sommes dans la logique du non-sens et d’une marche à reculons par le bon vouloir d’un petit clan qui fait souffrir tout un peuple. Mais, jusqu’à quand ce peuple va-t-il reculer ? Le régime RPT-UNIR a l’art de provoquer les crises dans ce pays, de ne rien respecter, de se dédire en oubliant que la conscience nationale s’édifie et se constitue en un rempart qui se construit rocher par rocher, caillou par caillou, brique par brique pour faire la digue de la raison populaire qui le combat parce que la misère n’a ni région, ni ethnie au Togo.
 
Le peuple togolais peut-il encore supporter davantage la criminalité étatique d’un clan, d’une famille qui se dérobe à tout compromis pour résoudre la longue crise qui le frappe ?
 
Comment ce pouvoir peut-il envisager des réformes contenues dans un accord en dehors du cadre et du principe de cet accord ?
 
L’extension du cadre opératoire des réformes peut-elle se passer des acteurs principaux de l’accord ou se substituer à eux ?
 
La conscience nationale du faux du pouvoir ne le prive-t-il pas de toute légitimité dans les réformes unilatérales ?
 
1) Les motifs de la grande mobilisation
 
Une certitude de base incite les Togolais à l’adhésion commune et populaire : la fin du cycle des dialogues pour sortir de l’engrenage politique et de la démolition socio-économique qui en vingt-deux longues années, n’ont offert que des drames, des tueries avec une migration jamais enregistrée de la jeunesse togolaise vers l’expatriation forcée pour échapper à la misère, à l’avenir qui n’offre aucune possibilité d’épanouissement en terre nationale. Toutes les forces en synergie démocratique de la communauté togolaise sont dans une seule optique de convergence. Elles s’évertuent à asseoir les conditions de possibilité d’une cuirasse de résistance aux dérives autoritaires d’un régime monarchique et militaro-clanique qui demeure dans la chimère de l’éternité au pouvoir. Le pacte sacré du combat pour l’alternance réside dans un engagement ferme des Togolais à vivre heureux chez eux, à s’épanouir sans le moindre complexe d’une risée lorsqu’ils lèveront les yeux. Ils ne veulent plus fuir honteusement le monstre froid qui les tue, leur inflige des souffrances atroces, inhumaines et dégradantes, pour un ailleurs avec ses déchirures et ses aléas. SAINT-EXUPERY est au chevet des Togolais pour leur forger la conscience de leurs propres capacités d’action telle qu’ils le découvrent dans son œuvre Vol de nuit : «Dans la vie, il n’ y a pas de solutions. Il y a des forces en marche : il faut les créer, et les solutions suivent».
 
Il est question pour la conscience nationale au zénith dans les cœurs de placer un garrot à l’hémorragie humaine qui décime l’avenir et la construction de notre pays. Les mobiles de l’échec des années nauséeuses sont connus. Ils sont plus exogènes qu’endogènes. Face à la récidive d’une rigidité démoniaque d’un fils qui s’agrippe au pouvoir, avec le même esprit enfoui au fond des âges dont le père n’est pas excusable malgré son temps et sa dimension intellectuelle chétive, le peuple doit se montrer superbe dans le rebond de ses contestations. Dans le Collectif « Sauvons le Togo », la légitimité populaire se cristallise et fait une proue à la légitime-défense contre les Parodies du dialogue, les passages en force, les élections frauduleuses.
 
L’hécatombe d’avril 2005 qui installe Faure GNASSINGBE au pouvoir et le hold-up électoral de mars 2010 dont les protestations convoient tous les samedis, et ce depuis deux ans, des foules sont des motifs suffisants de ralliements à la contestation d’un pouvoir minoritaire, prédateur dont les appuis se disloquent depuis l’Hexagone, une «Françafrique» mafieuse qui longtemps en fut le parrain.
 
La bonne foi du peuple togolais dans des accords pour faire l’économie des affrontements politiques et meurtriers est toujours utilisée comme l’arme fatale de l’abîme du mal togolais. Tous ceux qui ont cru au dernier contrat de base qu’est l’APG pour une Renaissance togolaise sont roulés dans la farine. La robustesse de cette malhonnêteté incombe au « Club du petit » englué dans le faux jusqu’à la moelle et peut-être dans un conditionnement héréditaire. Dans cette attitude de défi et de braquage, Faure GNASSINGBE mérite une réponse appropriée et définitive. Dans le ridicule et le puéril, dans les sottises et l’insolence, dans le choix d’un paria et d’une cécité volontaire, tout pouvoir sombre, il se disloque et suit inexorablement les pas du trépas. Il y a une espèce de honte à tout esprit moulé dans l’éducation et dans des valeurs de renverser l’éthique. Vouloir se moquer des autres dans le viol de toutes les conventions, de tous les codes, c’est facilement se murer dans une autoflagellation comme nous l’indique MONTAIGNE dans ses Essais : « Je me fais plus d’injure en mentant que je n’en fais à celui à qui je mens». Ni le RPT, ni UNIR, encore moins Faure GNASSINGBE ne s’imposent aux Togolais. Pourquoi ? L’absence de persuasion par la culture du faux distille la rage du combat dans les cœurs et dans les esprits que le régime togolais provoque inutilement. Les grandes révolutions ont leurs sédiments dans les coups portés des années durant aux espérances collectives, aux valeurs, à l’ethique, à la justice, à la liberté, au vouloir-vivre en harmonie et en paix des peuples, au bien-être, à l’épanouissement des populations. Qui ne sait pas respecter son peuple, aussi fort qu’il puisse paraître, ne peut goûter à la saveur profonde de la paix ni délecter la tranquillité douce du bonheur de l’inclination qu’exige la fonction de chef. La fausse stratégie de Faure GNASSINGBE est d’abuser des Togolais, d’opter pour le refus des réformes institutionnelles et constitutionnelles telles qu’elles sont envisagées dans l’APG, de jouer avec les recommandations de l’Union européenne en vue d’une élection crédible juste et transparente. Ce cocktail de manèges, de subterfuges, de mépris entretient notablement la mauvaise foi qui l’installe dans une fragilité malgré l’armada de défense dont il s’entoure et par laquelle il se fait l’illusion d’une invulnérabilité.
 
Le RPT-UNIR et le fils d’EYADEMA ont l’habitude du crime. Le passif de leurs échantillons est lourd. Nous lisons encore dans les pensées de nos meurtriers le contenu manifeste de leurs intentions. Les moisissures de leur cerveau ont la puanteur de l’intimidation et de l’outrage. Mais, la peur est de leur côté. Il suffit que le peuple soit un peu fou de ses revendications pour bien se tirer définitivement du collège des prédateurs de la terre qui nous a vu naître. Le Collectif « Sauvons le Togo » développe une force de résistance morale par un devoir civique dont la sémantique est un appel de détresse à l’instar de celui du 18 juillet 1940, poussé Outre-Mer par de Gaulle dont le souffle vivifia l’âme française au combat. Toute résistance morale est invincible surtout quand elle est populaire. C’est sur le socle de la résistance morale des Vietnamiens que les Etats-Unis ont ricoché pour perdre lamentablement la guerre. Toutes les grandes résistances incrustées solidement dans les méninges échappement à l’étreinte du tyran.
 
2) Les raisons objectives d’une perte de pouvoir
 
L’erreur grossière qui coûte à un pouvoir sa chute, c’est de croire se mettre à l’abri de toutes surprises en fermant les portes, en mettant à double tour les verrous afin de décourager toute éventualité qui puisse venir à bout de la tyrannie. Or, c’est justement cette attitude d’une assurance à partir des précautions brutales qui offre au peuple les ressources de solidarité, de dignité et du salut.
 
L’exaspération des sacrifices d’un peuple lui fait pousser des ailes irrésistibles des sacrifices. La conscience de son propre pouvoir se solidifie dans une motivation qu’aucune répression ne brise. Le pacte de solidarité populaire appelle à l’insurrection quand les citoyens sont au dernier cran de leur reculade. La rage de la réplique se transforme en une cuirasse indestructible. Le peuple togolais se sent harcelé et a déjà épuisé tous les compromis. A cette époque où tous les peuples sont en éveil sur leurs droits, il lui appartient de prendre en mains propres son destin. Nous devons mettre fin aux caprices du fils d’EYADEMA qui fait de nous ses sujets, ceux pour qui il peut décider et sans eux.
 
Aujourd’hui, nous n’avons jamais été aussi bien compris, aussi bien écoutés et supportés par un changement à la tête de l’Elysée qui fut la connivence du goulot d’étranglement des résultats de nos sacrifices. Le Président des peuples, François HOLLANDE, se montre sincère dans ses promesses de campagne et imprime une nouvelle dynamique à la gestion des relations historiques entre son pays et l’Afrique des affaires, des coups bas, d’enrichissement illicite, des vaches à lait des élections en France contre la protection des tyrans. Ce nouvel engagement qui « n’accepte aucune élection frauduleuse où que ce soit » est un motif supplémentaire à la vigilance pour nous autres Togolais, pris dans un cercle endémique des fraudes électorales. Pour les élections propres, justes, transparentes et équitables, notre part à jouer dans les conditions de transparence est essentielle. De notre intransigeance de clarté surgira la vérité des urnes. Elle est non négociable !
 
Faure GNASSINGBE n’a ni une teneur morale, ni éthique, ni civique, ni humaine. Il a fait un massacre pour prendre le pouvoir et rien ne détermine de sa politique les Togolais à lui accorder un crédit. C’est au regard de cette réalité sociologique et politique qu’il se replie sur la défensive, sur ses caprices et ses récréations oratoires avec la prétention d’UNIR. Ce prêtre de l’Union est d’une exemplarité inimitable, tant il est incapable lui-même de s’UNIR à quelqu’un ne serait-ce que pour fonder un foyer, rassembler sa propre famille biologique. Comment cet homme peut-il UNIR les Togolais ? Comment peut-il UNIR tout un peuple ? L’engagement d’UNIR est trop léger, la sémantique qu’il tente de recouvrir est une fausseté à la dimension de l’homme des coups d’Etat, des fraudes électorales et des grâces inimitables dans la fourberie.
 
Les dispositions psychologiques de celui qui chante l’« Esprit nouveau » ne peuvent nous offrir la clarté des consultations électorales. Nous savons déjà le type d’identité qui l’habite. Le monde entier le connaît et sait ses prouesses sombres. Ce passé est une grande fragilité pour Faure GNASSINGBE. Il appartient aux Togolais de faire le choix résolu d’un avenir à partir de leurs propres aspirations. Les grandes ambitions démocratiques et de l’alternance sont au cœur des préoccupations populaires. Il suffit que l’animation civique soit dans une virilité pour exiger les meilleures conditions des élections telles que le nouveau contrat politique qu’est l’APG les définisse. Ainsi le « Club du petit » perdra le pied dans le faux-jeu des avantages taillés à la faveur du camp des tricheurs. Nos ambitions collectives sont à nous. Nous devons les défendre, ouvrir notre pays à la modernité, l’extraire de la dynastie. Anthelme BRILLAT-SAVARIN dans La Physiologie du goût nous encourage à bâtir nos propres forces pour soutenir nos choix lorsqu’il écrit : « La destinée des nations dépend de la manière dont elles se nourrissent ».
 
Dans le parjure, les faux et le mensonge, c’est Faure GNASSINGBE qui défie le peuple togolais parce qu’il veut nous écraser, se maintenir au pouvoir par des coups de force, par la violence, oubliant que le monde a changé. Les tueries de 2005 ne lui ont imprimé la moindre sagesse. La faiblesse de la fraude qui le hante ne lui confère aucune autorité, aucune respectabilité. En sept années, les déceptions sont incommensurables, les ruminations populaires effervescentes et les bases de soutien pour arriver au pouvoir dans un fleuve de sang se sont effilochées. La création d’UNIR dans les approbations de façade des anciens militants du RPT, la vie chère, le chômage endémique, la destruction de l’éducation sont les ingrédients qui à tout moment, peuvent alimenter la contestation contre le passage en force. Le Collectif « Sauvons le Togo » est dans une phase ascendante de mobilisation et de rassemblement pour une nouvelle République au Togo. L’ordre nouveau surgira dans une stratégie rigoureuse d’éclatement du combat, c’est-à-dire, une diffusion savante pour la transparence. Les germes d’un nouvel horizon du Togo sont dans les couveuses d’un Front commun que porte le Collectif « Sauvons le Togo ». Il faut les chauffer, les faires éclore et les lancer dans un vrai débarquement pour une alternance sans équivoque. Il faut y croire comme CAMUS dans sa Lettre à un ami allemand : « Qu’est-ce que l’homme ? Il est cette force qui finit toujours par balancer les tyrans et les dieux ».
 
 
Didier Amah DOSSAVI
 
lalternative-togo.com
 

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