On se rappelle cette fameuse nuit des longs couteaux, où le Reich, Adolph Hitler, a exécuté tous ceux qui ont contribué à son accession au pouvoir. Ce sont des grands généraux qui sont susceptibles de déranger plus tard le régime nazi. Faure Gnassingbé semble en faire plus que ce qu’on avait connu en Allemagne au temps des deux Guerres mondiales, vu les traitements que réserve le Prince de la monarchie togolaise à ceux qui se sont battus corps et âme pour qu’il conserve le pouvoir. Kpatcha Gnassingbé et Pascal Bodjona seraient peut-être en train de regretter leur sacrifice aujourd’hui.
 
Il y a un an, au nom de la conservation du pouvoir, Faure Gnassingbé a condamné son demi-frère Kpatcha Gnasssingbé et d’autres personnes à des peines allant jusqu’à vingt (20) ans d’emprisonnement. « L’affaire d’attentat contre la sûreté intérieure de l’Etat a été inventée en l’occurrence pour régler, de manière sanglante, la question de l’héritage laissé par le défunt Président Gnassingbé Eyadéma. Les révélations faites à la barre à cet effet par le Colonel Rock Gnassingbé sont sans ambiguïtés », ont déclaré les avocats de Kpatcha Gnassingbé et coaccusés mardi dernier lors d’une conférence de presse. On sait tous comment le député de la Kozah a soutenu son frère lors du coup d’Etat du 5 février 2005. Comme les généraux de l’armée togolaise que l’« Esprit nouveau » regarde aujourd’hui comme des insectes indésirables, Kpatcha Gnassingbé a également fait allégeance à son frère, « l’intronisant » à la tête du pays, malgré les appels à l’ordre constitutionnel. Il est également l’artisan des menaces, d’intimidations, des violences exercées sur les militants de l’opposition lors de la campagne électorale d’avril 2005, étouffant toute contestation du pouvoir de son frère. En 2007, Kpatcha Gnassingbé s’est investi financièrement pour remporter le siège de la Kozah lors des législatives. Il est aussi allé au secours d’autres candidats du parti, pour permettre au pouvoir de Faure d’avoir la « majorité » à l’Assemblée nationale.
 
Mais le Prince ne s’est pas empêché de mener la vie dure à un allié qui plus est, un frère. Et pour réaliser son plan macabre, il a eu recours à une Justice togolaise aux ordres avec des magistrats qui lisent les textes à l’envers. « Outre le discrédit total de la Justice togolaise avec la complaisance honteuse du Président de la Cour Suprême, le Juge Abalo Pétchélébia qui, depuis lors, a été limogé de son poste comme un malpropre, le procès a révélé au monde le vrai visage et les méthodes abjectes du pouvoir de Faure Gnassingbé », a indiqué la défense de Kpatcha Gnassingbé et coaccusés en conférence de presse mardi dernier. Cette parodie de procès qui s’est terminée avec la « condamnation de vrais innocents ». D’ailleurs, le député aurait pu laisser la vie lors de ce que Faure et ses sbires appellent « interpellation » à son domicile, avec des armes de guerre. « L’attaque du domicile du député Kpatcha Gnassingbé dans la nuit du 12 au 13 avril 2009 par un commando de la FIR (Force d’Intervention Rapide), une unité d’élite des Forces Armées Togolaises (FAT), dirigée par le Colonel Félix Abalo Kadanga, n’était en réalité qu’une tentative d’assassinat », rappellent les avocats.
 
Aujourd’hui, on se demande si la Cour de Justice de la CEDEAO va rendre une décision claire concernant cette affaire, puisque les faits nouveaux (les tortures subies par les détenus à l’ANR et dans d’autres lieux de détention) ont amené les avocats à saisir cette Cour. En tout cas, les regards sont tournés vers Abuja le 30 octobre prochain.
 
Un an après cette affaire qui a discrédité son pouvoir, Faure Gnassingbé a encore trouvé un autre agneau sacrificiel. Et c’est Pascal Bodjona, son homme à tout faire qui est dans la ligne de mire. On lui a rapidement trouvé un dossier, l’affaire d’escroquerie internationale. Déjà, son cousin Agba Bertin croupit depuis plus d’un an dans la prison civile de Tsévié. Même la décision de la Cour Suprême ordonnant sa libération provisoire contre le payement d’une caution de 150 millions F CFA qu’il a d’ailleurs versée, n’a pas suffi pour qu’on l’élargisse. Depuis 20 jours, l’ancien ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales croupit dans les locaux de la Gendarmerie nationale. Par des contorsions juridiques menées de bout en bout depuis le sommet de l’Etat, lui qui est au départ un témoin, est devenu accusé. D’ailleurs, on ne sait pas exactement, entre la Justice et la Gendarmerie nationale, ou entre les gendarmes et les magistrats, qui est habilité à juger les affaires de droit commun au Togo. Inutile de revenir sur cette affaire que les Togolais connaissent déjà. Mais que n’a pas fait Pascal Bodjona dans ce pays pour le maintien de Faure Gnassingbé au pouvoir !
 
Le fils de Kouméa s’est précisément illustré en 2010 lors de l’élection présidentielle. L’histoire retient que c’est Pascal Bodjona qui a créé une Céni parallèle à Togo 2000 pour proclamer les résultats frauduleux de ces élections, permettant ainsi à Faure Gnassingbé de se prévaloir d’une victoire et de demeurer au pouvoir. Entre-temps, le VSAT susceptible d’assurer la transmission et la crédibilité des résultats a été saboté. Ainsi, le ministre de l’Administration territoriale a usé de son pouvoir pour conserver celui de son « ami » Faure. Outre cette forfaiture, Pascal Bodjona, comme on aime à l’appeler, est au four et au moulin pour défendre et protéger le régime. Mais voici là où on en est aujourd’hui.
 
Il est clair que Faure Gnassingbé veut se débarrasser de ceux qui l’ont fait « roi » au Togo. Ceux qui l’entourent encore aujourd’hui et continuent de le servir aveuglement doivent s’interroger sur le sort qu’il leur réserve. Si le Prince a pu se débarrasser de son propre frère comme une punaise, de son ami de longue date, Pascal Bodjona, comme un insecte indésirable, qui peut encore lui barrer la route lorsqu’une autre tête venait à lui déplaire ? A qui donc le tour ?
 
K. I.
lalternative-togo.com
 

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