Mauvaise foi du gouvernement dans les négociations avec le SYNPHOT

 

Les médecins exigent la démission du ministre Charles Kondi Agba

 

Les responsables du SYNPHOT objets de menaces de mort

 
A peine est-il nommé au poste de ministre de la Santé en remplacement de Komlan Mally  qu’il est déjà très contesté par les médecins qui exigent sa démission. Charles Kondi Agba, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’est pas en odeur de sainteté avec les praticiens hospitaliers du Togo. Ceux-ci l’accusent de vouloir passer pour à pertes et profits, le protocole d’accord obtenu avec l’ancien ministre de la Santé, Komlan Mally. Un bras de fer de plus qui n’est pas de nature à faire le bonheur des populations.
 
Le personnel de la santé opérant dans le secteur public était en Assemblée générale (AG)  lundi au CHU de Lomé Tokoin. Les agents de la santé ont, au cours de cette Assemblée fait le point des négociations qui ont eu lieu entre le gouvernement et les responsables du Syndicat national des praticiens hospitaliers du Togo (Synphot). Selon Dr David Dosseh et ses camarades du Synphot, ces négociations se sont bien déroulées et ont abouti à un protocole d’accord qui est en attente de signature pour une sortie définitive de crise.
 
Mais entre le mercredi 15 juin, date où les négociations ont pris fin et le lundi 20 juin, jour de l’Assemblée générale, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Entre autres développements, le limogeage du ministre Komlan Mally pour, dit-on, son laxisme vis-à-vis des médecins et la nomination du « Super ministre » Charles Kondi Agba, un habitué de ce poste.
 

 
En moins d’une semaine de sa nomination au ministère de la Santé, le « ministre avec Eyadema » défraie déjà la chronique ! Il est actuellement très contesté par les médecins qui exigent sa démission et son remplacement. « Agba démission ! » « Agba démission ! », clamaient en chœur les médecins lundi dernier dans la cour du CHU de Lomé Tokoin lors de leur Assemblée générale.
 
Dr David Dosseh, président du Synphot explique : « Nous avions eu une dizaine de jours de négociation à la Primature avec les représentants du gouvernement, nous avons terminé les négociations mercredi et en principe jeudi dernier nous devrions signer le protocole d’accord. Nous sommes donc en attente de l’invitation du gouvernement pour la signature du document. Nous avons attendu tout le week-end. Ce matin, il était donc utile que nous puissions nous retrouver en Assemblée générale (AG) pour informer la base ».
 
Mais le nouveau ministre de la Santé Kondi Agba est entre-temps, passé par là et n’a pas manqué de laisser des traces. Dimanche, lors d’un débat sur une chaîne de télévision privée, le ministre a balayé du revers de la main certains points du protocole d’accord obtenus lors des négociations entre le Synphot et le gouvernement. Il aurait déclaré qu’il n’accordait que peu d’importance à ce protocole d’accord obtenu à l’issue de 10 jours de discussions. «Agba ne mérite pas le respect du personnel de la santé, nous demandons sa démission pure et simple », a déclaré le Secrétaire général du Synphot, Walla Atsi.
 
D’après Dr Dosseh, c’est à juste titre que les médecins demandent la démission du ministre Agba, même si cette exigence n’est pas une revendication du Synphot. C’est plus une réaction de mécontentement, un sentiment de frustration du personnel travailleur précise-il. « Les derniers propos du ministre peuvent prêter à confusion. Il semble que la partie gouvernementale veut revenir sur tout ce qui a été discuté, il semble que la prime d’usure psychologique constitue un problème pour le nouveau ministre de la Santé alors que cette prime a été discutée en commission et lors des négociations et je pense que les dignes représentants de la partie gouvernementale qui étaient présents ont compris la nécessité d’instaurer cette prime d’usure psychologique. L’explication qui a été donnée par le ministre de la Santé est totalement erronée. La prime d’usure psychologique n’est pas liée à la surcharge du travail, elle n’est pas liée à la fatigue, elle est liée à la spécificité de notre travail. Nous travaillons sur un matériau humain. L’homme qui meurt, l’enfant qui meurt, la femme qui souffre, cela a des incidences psychologiques sur la santé du médecin, cela a été démontré par des études scientifiques. C’est tout cela que nous demandons qu’il soit pris en compte. Le nouveau ministre doit prendre en compte tout ce qui a été négocié par ses collègues. Est-ce qu’on voudrait nous faire comprendre aujourd’hui que le ministre Agba remet en cause tout ce qui a été dit par les six dignes représentants du gouvernement ? Il vient d’arriver, il y a beaucoup de choses qu’il ne maîtrise pas encore », fait observer le président du Synphot.
 
Le Synphot est sur le pied de guerre et prêt à reconduire le mouvement aujourd’hui si aucun signal n’est donné. « Nous voulons une réponse claire de la part du gouvernement. Est-ce que les négociations sont remises en cause ? Que le gouvernement s’explique clairement par rapport à cela. C’est depuis jeudi que ce protocole d’accord devait être signé pour que le travail reprenne. Cela fait cinq jours que nous attendons. Est-ce que cette attente va se poursuivre? Nous allons attendre jusqu’à mercredi mais à partir de mercredi, si nous n’avons pas de réponse claire du gouvernement par rapport à ce protocole d’accord, la grève va être reconduite », menace le syndicat.
 
Il faut rappeler que les revendications des praticiens hospitaliers du Togo portent sur l’audit des hôpitaux et des centres de santé sur toute l’étendue du territoire national, le statut des agents, les primes de risques et de contagion et l’installation de connexions Internet dans les CHU. Sans oublier le problème de la prime de risque et d’usure psychologique qui constitue la principale pomme de discorde entre le personnel hospitalier et le nouveau ministre de la Santé appelé à la rescousse par Faure Gnassingbé.
 
Pour toute cessation de la grève, les praticiens hospitaliers posent déjà leurs conditions : pas de nouvelles négociations avec le gouvernement, l’application immédiate des clauses de l’accord intervenu entre les deux parties et en attente de finalisation. « Pour nous les choses sont simples, souligne Dr Dosseh, nous avons une plate-forme revendicative claire qui comporte quatre points. Nous avons été en négociation par rapport à cette plate-forme revendicative. Nous nous sommes entendus avec des membres du gouvernement, il y avait six (06) ministres composant la délégation gouvernementale. Nous avons conclu quelque chose de précis sur chacun des quatre points. Une commission a été mise en place pour la rédaction du protocole d’accord, cette commission a fait son travail et il ne restait plus qu’à se retrouver le jeudi dernier pour les derniers amendements et la signature ; depuis là nous sommes dans l’attente. Pour nous, il est important qu’on aille vite parce que les malades sont malheureusement en train de souffrir. Nous avons envie de retrouver nos postes, nous avons envie de reprendre le travail. Mais il n’y aura pas de nouvel accord ». Le ministre « Zorro » est donc prévenu. Les méthodes de négociation du temps du « Général président » n’ont plus pignon sur rue au Togo.
 
Par ailleurs, il est à noter que depuis le lancement de ce mot d’ordre de grève dans les hôpitaux publics du Togo, les premiers responsables du Synphot confient avoir déserté leurs domiciles. « Nous faisons l’objet de menaces de mort et nous ne dormons plus dans nos maisons », confie Dr Walla Atsi, SG du Synphot. Des messages anonymes leur sont régulièrement envoyés sur leurs téléphones portables les mettant en garde contre les risques qu’ils encourent s’ils persistent dans cette voie. Ce sont les habitudes de la maison.
 
Olivier A.
 
source: liberté hebdo togo

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