ABIDJAN — L’Afrique de l’Ouest misait toujours vendredi sur le dialogue pour résoudre la crise en Côte d’Ivoire, avec le retour de médiateurs lundi à Abidjan, mais se préparait à une éventuelle intervention militaire, « dernier recours » pour chasser Laurent Gbagbo du pouvoir.
 
Les chefs militaires de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) « se sont rencontrés mardi et mercredi pour mettre la machine en marche », a indiqué à l’AFP à Abuja le porte-parole de l’armée nigériane, le colonel Mohamed Yerimah.
 
« Si tous les moyens de persuasion politique échouent », « la Cédéao prendra par la force le pouvoir à Laurent Gbagbo et le donnera à Alassane Ouattara », reconnu président par la communauté internationale, a-t-il prévenu, évoquant un « dernier recours ».
 
Cependant, malgré la menace d’une intervention armée brandie depuis une semaine par l’organisation actuellement présidée par le Nigeria, la voie du dialogue reste privilégiée.
 
Après une mission cette semaine à Abidjan, les présidents Boni Yayi (Bénin), Ernest Koroma (Sierra leone) et Pedro Pires (Cap-Vert) doivent revenir lundi en Côte d’Ivoire. Et le président nigérian Goodluck Jonathan doit faire le point ce vendredi au Bénin avec Boni Yayi.
 
Mais aucun des deux rivaux ne paraît prêt à céder. Gbagbo renouvelle régulièrement son appel à la discussion, mais se considère comme l’unique chef de l’Etat, proclamé par le Conseil constitutionnel. Vainqueur pour la commission électorale, Ouattara souhaite que la médiation « aille vite » pour lui permettre d’occuper le fauteuil présidentiel.
 
La situation sur le terrain reste très tendue, après des violences qui ont fait en deux semaines 179 morts selon l’ONU, en dépit d’une forte baisse des exactions au cours des derniers jours.
 
Les violations des droits de l’Homme dans le pays depuis la présidentielle du 28 novembre pourraient constituer des « crimes contre l’humanité » qui doivent être « sévèrement punis », ont averti vendredi des experts de l’ONU.
 
Le conseiller spécial onusien chargé de la prévention du génocide, Francis Deng, s’est déclaré de son côté « très inquiet », insistant sur des informations selon lesquelles des maisons où vivent des opposants à Gbagbo seraient « marquées pour identifier leur ethnie ».
 
Dans ce climat, même si les étrangers n’ont pas été « directement menacés », la France a recommandé de nouveau à ses ressortissants – environ 14.000, dont une moitié de bi-nationaux, enregistrés avant la crise -, notamment les « familles avec enfants », de quitter « provisoirement » le pays.
 
A court terme, les risques d’affrontement restent très élevés, à l’orée de 2011.
 
Le leader des « jeunes patriotes » pro-Gbagbo a appelé ses partisans à « libérer à mains nues », après le 1er janvier, l’hôtel qui sert de quartier général à Ouattara à Abidjan.
 
Ouattara est retranché avec son gouvernement, dirigé par le chef de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) Guillaume Soro, au « Golf hôtel », soumis à un blocus routier des forces pro-Gbagbo et protégé par 800 Casques bleus et des éléments FN.
 
Si Blé Goudé a fixé un objectif et une période, il s’est gardé de donner un rendez-vous précis, mais pour l’ONU le pire est à craindre.
 
« Une attaque contre le Golf hôtel risque de provoquer des violences à grande échelle qui pourraient rallumer la guerre civile », a alerté le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon.
 
La mission de l’ONU dans le pays, l’Onuci (quelque 9.000 éléments), peut utiliser « tous les moyens nécessaires pour protéger son personnel ainsi que les fonctionnaires d’Etat et les autres civils présents dans l’hôtel », a-t-il prévenu.
 
source: AFP

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