Présidente de compromis de la CENI, cet organe qui est contesté, tant dans sa structure que dans sa composition, Mme Angèle Aguigah entretient de très fortes affinités avec UNIR. Sa présence à la convention des « Femmes pour UNIR » et sa désignation comme « personne ressource » de cette nébuleuse donnent une idée de ce que sera son rôle pendant les prochaines législatives au Togo.
 
Présentée comme une représentante de la société civile, Mme Angèle Aguigah, la présidente de la CENI, l’organe chargé d’organiser les futures législatives, n’est en réalité qu’une militante forcenée de l’UNIR, le nouvel habillage du RPT.
 
Et elle fait feu de tout bois pour en convaincre l’opinion. Le samedi 17 novembre, se tenait au palais présidentiel un événement pompeusement dénommé la Convention des Femmes pour UNIR. En fait un événement dont il n’y a pas à retenir grand-chose, à part l’élection de Mme Raymonde Lawson de Souza comme présidente, et les faits les plus marquants, la présence de Mme Angèle Aguigah et sa désignation en tant que personne ressource.
 
Cette présence fort remarquée de Mme Aguigah à cet événement est d’autant plus controversée qu’elle est la présidente de la CENI, organe chargé d’organiser les futures législatives. Echéances auxquelles prendra part le parti UNIR. La tenue de cette convention des « Femmes pour UNIR » participe d’ailleurs de la stratégie de mobilisation de l’électorat à coup d’achat de consciences. Mobiliser des fonds, les injecter dans des projets sociaux et économiques au profit des couches les plus défavorisées et instiller dans le même temps des messages de propagande politique, c’est ce que prévoit de faire cette nébuleuse. A l’image de NAFA, cette autre structure fantoche de microcrédit qui a bluffé les mamans avec des prêts dits sans intérêt lors de la période préélectorale de 2010. Cette convention était donc une activité essentiellement politique. Les femmes d’UNIR, en organisant cette convention, travaillaient à la victoire du parti de Faure Gnassingbé. Il devient énigmatique pour l’esprit sensé de retrouver parmi les participantes à cette rencontre, celle qui se présente comme étant membre de la Société civile (le REFAMP) et a pour tâche de diriger la CENI. Mme Angèle Aguigah, trop zélée pour le pouvoir, a-t-elle été affectée par la maladie de l’Alzheimer au point d’oublier son statut de numéro un de la CENI ?
 
Même si, quoique présidente de la CENI, elle a une sensibilité politique, ce qui n’est pas jusqu’à preuve du contraire un crime, son statut de présidente de l’organe chargé d’organiser les futures échéances ne lui impose-t-il pas un devoir de réserve et de neutralité ? Ce qui implique qu’elle s’abstienne de mener toute activité de nature politique au profit d’un camp, pendant tout le temps que va durer son mandat? Voilà que la dame s’affiche publiquement au profit du parti UNIR.
 
Pis, au terme de la convention, elle a été désignée « personne ressource » de « Femmes pour UNIR », l’équivalent de conseillère. Bref, la présidente de la CENI mettra toutes ses ressources intellectuelles et toute son expérience au service de cette association. Comment une dame qui, même après son élection comme présidente de « compromis » de la CENI n’arrive pas à prendre de la hauteur que lui impose son statut par rapport aux pesanteurs partisanes peut-elle s’acquitter efficacement et de façon crédible, de sa fonction ? La proximité d’Angèle Aguigah avec le parti UNIR risque de compromettre, et c’est une quasi certitude, la mission de la CENI. La levée de boucliers que suscite sa nomination au sein de la classe politique de l’opposition togolaise se trouve donc amplement justifiée. « Nous contestons aujourd’hui la composition même de la CENI. Or ce problème n’a pas été résolu et une Présidente a été nommée à sa tête. Si les responsables de ce pays voulaient organiser des élections crédibles, la question de la composition de la CENI devrait être réglée avant l’élection du bureau. Avec cette élection, ils ont voulu nous mettre devant le fait accompli pour que si demain la composition de la CENI devait même être revue, la présidence nous soit imposée. Nous ne pouvons l’admettre », vociférait Me Dodji Apévon, Coordonnateur général de la Coalition Arc-en-ciel. Quant à Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson, Secrétaire nationale de la CDPA, elle peste: « Mme Aguigah ternit l’image de la femme togolaise. Est-elle vraiment une mère de famille ? A-t-elle une conscience ? Si elle a une conscience, et si elle veut aider ce pays à en finir avec la crise, si elle veut aider à mettre fin à la souffrance des Togolais, elle devrait refuser ce poste où elle vient d’être placée. A l’occasion de certains de nos travaux, (ndlr : allusion sans doute au CPDC), il lui était arrivé de prendre des positions qui n’arrangent pas les siens du REFAMP et du pouvoir ; et il fallait voir comment elle se faisait rabrouer. Je suis surprise qu’elle ait été choisie à la tête de cette commission et qu’elle l’ait accepté. A sa place, moi j’aurais refusé. Si je la vois, je le lui dirai en face et sans rancune, mais en attendant, voilà ce que je peux dire. La vérité libère ».
 
Eh oui ! Il n’y a point de doute. En tout cas, plus aucun élément ne pourrait justifier un quelconque bénéfice du doute en sa faveur. A l’instar de ses prédécesseurs Awa Nana en 1998, Kissem Tchangaï Walla en 2005, Mme Angèle Aguigah est en passe de pousser les Togolais vers une mascarade électorale, aux conséquences dévastatrices pour les populations. Et Gilbert Bawara, convaincu que toutes les conditions de la farce électorale sont réunies, semble dire : « Aux élections, toute ! », tandis que l’opposition crie « stop » à cette tragi-comédie.
 
N’y a-t-il point au Togo de femme capable de faire honneur à la nation toute entière? S’il reste encore à Mme Angèle Aguigah un minimum d’honneur, elle devra le démontrer en démissionnant de son poste, visiblement incompatible dans l’absolu, avec son militantisme gueux au profit de l’UNIR.
 
Magnanus FREEMAN
 
liberte-togo
 

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