Une réflexion sur l’ampleur de cette manifestation me rappelle deux articles que j’avais écrits: L’avenir de mon pays semble sombre et Malaise dans la cité. Je concluais le dernier article par ces mots : « … ces évènements […] sont des signes de l’échec d’une gestion quarantenaire et caduque du bien commun qu’est le Togo et présage des lendemains incertains pour notre pays si Faure et ses druides politiques ne prennent pas la mesure de la soif du changement et de l’alternance qui animent le peuple togolais ».
 
Moins d’un mois après cette conclusion, nous assistons à une contestation populaire suivie d’une répression aveugle du régime de Faure Gnassingbé perpétuant ainsi la logique qui a animée les 37 ans de règne sans partage de son père feu Gnassingbé Eyadema.
 

 
Des 52 ans d’indépendance que le Togo a, le clan Gnassingbé et les thuriféraires qui le maintiennent en vie, peuvent se glorifier d’en détenir les 49. Puisque déjà en 1963, le père de l’indépendance et de la nation togolaise, Sylvanus Olympio fut sauvagement assassiné par une soldatesque au solde de l’ancienne colonie.
 
Disons donc cinquante (50) ans de règne dynastique d’un clan au pouvoir mais qui plus est maintient le peuple dans la misère, le mensonge et la répression.
 
Le mal togolais pour le résumer simplement puis-ce qu’il est simple est un problème de confiscation du pouvoir.
 

 
Le Quai d’Orsay dans son communiqué dans lequel il condamne les violences, invite les acteurs sociaux et politiques au dialogue : «Nous condamnons toutes les violences ainsi que leur instrumentalisation. Le maintien d’un dialogue constant, dans le respect de tous, peut seul permettre l’apaisement de la vie politique au Togo », a affirmé le porte-parole du ministère des affaires étrangères.
 
Mais je tiens à préciser à la diplomatie française, si elle a la mémoire courte, que le Togo compte déjà une dizaine de dialogues acceptés, approuvés, signés par le pouvoir mais jamais appliqués. Il suffit simplement par exemple de reprendre les termes de l’Accord Politique Global en les appliquant pour que la confiance renaisse entre les acteurs politiques et que la tension baisse. Mais la question n’est pas à ce niveau. Demander des reformes institutionnelles et politiques, exiger le respect des droits humains est une façon de vouloir résoudre le problème sans s’attaquer à la racine.
 
La racine du problème togolais est la confiscation du pouvoir. Cette confiscation est d’autant plus rigide qu’elle est soutenue par une armée au service du clan Gnassingbé depuis des décennies et des multinationales qui se font la part belle. La longue durée des Gnassingbé et des vautours qui les accompagnent en s’engraissant, a fini par cristalliser une conviction dans la psychologie et schèmes de pensée du régime en place et de ses barons : « le pouvoir est nôtre. Et jamais il ne doit nous échapper ». Ainsi l’intention du régime en appelant au dialogue et en se disant ouvert n’est aucunement de discuter des points relatifs à l’alternance.
 
Nécessité d’avoir un dialogue avec un rapport de forces : synopsis de sortie de crise
 
La solution au problème togolais n’est donc pas simplement le dialogue. Car avant d’arriver à la conclusion qu’il faut dialoguer, il faudrait constater que les protagonistes ne dialoguent pas. Or dans le cas togolais le dialogue existe, le dialogue est au pluriel.
 
La vraie question qu’il faut se poser est : quel type de dialogue, le Togo a-t-il besoin pour une sortie de crise ?
 
La réponse est si simple comme le problème : il faut un dialogue ou les rapports de forces ou de pressions s’équilibrent au profit du respect scrupuleux des conclusions qui en découleront. Car la volonté, la bonne volonté n’existe pas et n’existera jamais dans le cœur de Faure et de ces compères.
 
Ceci suppose que les partis de l’opposition et les acteurs de la société civile doivent peser dans la balance afin que les rapports de forces soient égaux ou en faveur des forces de l’opposition.
 
Les forces ou moyens auxquels l’opposition peut fait recours
 
J’ai essayé de relever quatre (4) forces auxquelles l’opposition peut faire recours
1.L’une des forces de l’opposition est incontestablement les manifestations populaires. Mais cette force ne fait pas le poids devant la force militaire et les dispositions répressives de celle-ci. A moins que s’organise efficacement dans des quartiers la résistance par tous les moyens en une sorte de guérilla urbaine avec des moyens conséquents.
 
2.L’une des forces dont la plupart des oppositions à travers le monde bénéficie est la pression de la diplomatie internationale. Or trop souvent cette force n’est active que si tu as un sous-sol comparable au sous-sol libyen, irakien ou afghan ou encore si tu es un bon producteur de café-cacao comme la Cote d’Ivoire. Aussi pour voir cette force s’activer, il faut espérer au moins dix milles tués sans compter les têtes, bras, cuisses, oreilles, nez, cassés.
 
3.La troisième force peut bien être une rébellion armée. Dans ce cas, l’opposition doit compter aussi sur le soutien des multinationales pour lui fournir les armes et les pays limitrophes pour loger les rebelles contre peut-être des contrats désavantageux de notre phosphate ou de notre port en eau profonde. L’activation de cette force nécessite la complicité de la diplomatie internationale. Or comme je l’ai indiqué, nous n’avons pas de pétrole, ni de cacao.
 
4.La quatrième force que disposent l’opposition et les acteurs sociaux pour aller a un dialogue dans lequel les forces en présences s’équilibreraient, relève d’un sursaut patriotique. Ce sursaut patriotique doit émaner de deux forces l’armée et le peuple :
 
■Les forces armées qui opteront à être neutre et refuser d’obéir à tout ordre de répression.
■Le peuple qui se mettra à la disposition de l’opposition et sortir à tout moment pour des manifestations populaires et pacifiques en appui aux leaders qui sont en discussion avec le pouvoir.
 
Cette dernière force est souhaitable et, à mon avis, reste la seule qui peut valablement accompagner les forces vives du Togo à faire fléchir le gouvernement et a lui faire une cuire de dé-confiscation du pouvoir.
 
Mais si ce moyen ou force reste impossible, il ne nous reste qu’à nous agenouiller et prier le bon Dieu pour qu’il envoie un militaire putschiste mais pas du nom d’un Dadis Camara ou d’un Sanogo.
 
Tout compte fait, il est urgent que tous les acteurs sociaux, les leaders de l’opposition et le parti au pouvoir prennent leurs responsabilités avant que le peuple ne décide d’obtenir ce qu’il veut sans eux. Car nous avons encore la chance que le peuple, la foule, écoute encore certains qui le dirigent. Mais jusqu’à quand ?
 
La communauté internationale et les diplomates accrédités au Togo doivent aussi jouer leurs rôles pour éviter que la situation ne dégénère.
 
Il est encore possible de faire partir ce régime sans violence. Mais faudrait-ils que chacun joue sa partition.
 
source : togocouleurs.mondoblog.org
 

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