Une crise chasse l’autre. L’autre écarte la suivante. Avant que la suivante balaie la subséquente, celle-ci fait la course à la prochaine. Le Togo vit et se nourrit de crises. Mais aussi d’affaires et de scandales. Entraîné dans une spirale de lois médiocres et de coups fourrés, le pays adopte la politique de l’autruche, espérant se passer des règles qui fondent un Etat moderne. C’est à croire que l’avenir, dans cet empire de galère, ne peut mieux se forger que dans la perpétuation des crises, qui justement, maintiennent l’Etat au fond de l’ornière. Le nouveau code électoral et ses tribulations en sont une illustration parfaite.
 
Jamais dans l’histoire du Togo, la déliquescence n’a jamais été aussi criante, l’irresponsabilité aussi organisée, le niveau du discours politique aussi cacophonique. Les prochaines législatives, qui auraient dû être l’occasion de ressouder les liens de la réconciliation n’ont pas mis un couvercle à toutes ces tares, emportant dans un même pétrin les pourris et les bonnes gens. Le passé, au Togo, ne passe pas. A la duplicité d’un pouvoir irresponsable, s’ajoute l’indifférence de la diplomatie occidentale qui, finalement, pour beaucoup de Togolais, a l’air de servir de soutien financier à la pérennisation de la dictature.
 
N’est-ce pas sous le dispositif de veille de ces bailleurs de fonds, notamment de l’Union européenne, que les têtes pensantes, expertes en dictature, de nouveau, traficotent, par une loi scélérate, les prochaines législatives ? Le Togo, ses dirigeants en tout cas, à force de toujours prendre le contre-pied de « la vérité des urnes et des comptes », a bel et bien sursis à ses obligations envers le futur, pour se complaire dans l’euphorie d’une indigence morale généralisée. Pendant que notre peuple, désespéré, la sollicite, la diplomatie préventive s’est délibérément mise en retrait, entre complaisance et indifférence, pour contempler l’insoutenable descente aux enfers sous le ciel togolais.
 
Ce qui est dramatiquement plus atterrant, c’est que l’opposition, elle non plus, n’en rajoute pas moins à la confusion. Son refus de rester soudée, de s’accorder sur un pôle unique de décision et d’action nuit. Pourtant, il existe chez nous une vieille tradition qui veut que quand la cité commune est sous l’emprise d’un danger qui menace son existence, chefs, notables et grands dignitaires se réunissent en urgence, toutes différences tues, pour élaborer, à huis clos, des stratégies de lutte contre le mal.
 
Mais sur quelle planète vivent nos opposants pour ignorer aussi dangereusement qu’aux grands maux, il faut de grands remèdes ! Combien de temps durera encore le cirque solitaire dégoutant de ces représentants du peuple ? Bien malin qui pourra le deviner ! C’est le flou total, avec une opposition togolaise découpée en confettis opérant en rangs dispersés face à l’hydre monstrueux qu’est le régime de Faure Gnassingbé. Envers et contre tout, ce fringant jeune homme que l’on dit sorti des meilleures académies, aidé de ses thuriféraires et flagorneurs, se prépare à installer un nouveau genre de tyrannie sur la terre de nos aïeux.
 
Il n’y a aucun mal à le dire : si les Togolais, malgré tous les sacrifices, n’arrivent pas à précipiter le décès du pouvoir dictatorial et farfelu qui les gouverne, c’est parce que l’opposition est à la peine pour se donner un visage et mettre sur orbite un leader qui impose la volonté populaire. Oui, l’opposition manque tragiquement de cohésion, de muscle, d’imagination. Sans une figure de proue, consensuellement désignée et reconnue comme tel, l’opposition togolaise se fera toujours rouler dans la farine et avalera des couleuvres à chaque échéance électorale. Tant ses carences en matière d’initiatives salvatrices visant à mettre fin à la dictature familiale des Gnassingbé sont énormes.
 
Quel peuple sommes-nous au Togo pour que les crises se succèdent sans que le régime soit contraint, par des moyens appropriés venant d’en face, à leur apporter des solutions définitives et durables. Il est fort probable que cette fois encore, l’opposition va laisser courir ce code électoral inique voulu par Faure Gnassingbé, taillé sur mesure, dans le seul souci de concentrer plus de la moitié des sièges du futur parlement dans le camp des députés représentant à peine 20% de la population ?
 
Le 19 mai dernier, lors d’une émission sur les antennes de la TVT, les Togolais ont pu mesurer la mauvaise foi des deux cabotins du gouvernement ‘’invités’’ à l’émission de Franck Missité. C’était du grand n’importe quoi ! Pascal Bodjona de l’administration territoriale et son collègue du commerce Ahoomey-ZunuArthène, ces deux larrons en foire, dans leur pitrerie télévisée, ont refusé de voir les innombrables inégalités, pourtant, qui sautent à l’œil dans la loi qu’ils ont fait confectionner au profit de la dictature.
 
La seule solution qui règle le litige et qui peut définitivement tourner la page des engrenages à répétition, c’est de revoir ce découpage électoral ou alors de le laisser en l’état, mais en prenant soin de considérer le poids démographique de chaque zone pour attribuer le nombre de députés correspondant à sa population. La démocratie est une question de « one man, one vote ».La règle en usage partout ditceci :“legislative districts need to be divided according to population, so that each person (and each interest) has an equal amount of representation innational assembly”. En clair, c’est en fonction du niveau démographique des régions que se fait un découpage électoral. Ça au moins, les ministres coursiers et porte-voix de la dictature, quelle que soit leur étroitesse d’esprit, doivent l’avoir appris quelque part. Soit à l’école, soit dans la nature au cours de leurs nombreux séjours à l’étranger. Le reste n’est que mauvaise foi et affabulations.
 
Oui ! Une personne un vote. C’est tout ce que réclament les Togolais. Tous savent qu’en démocratie, ce n’est pas la superficie qui compte. Parce que la superficie n’est pas électrice. Elle ne vote pas. Seuls les hommes votent, ce qui fait de la démographie thecornerstone(la pierre angulaire) de toute opération électorale qui se veut crédible et intelligente, donc apaisée.
 
Quand et comment va-t-elle finir, cette interminable crise artificielle dont le RPT est l’unique détenteur du brevet d’invention ? De l’avis général, elle a trop duré pour qu’on pronostique un dégel pacifique ou un heureux dénouement. Le happy end que tout le monde souhaite s’est éloigné.Il reste à l’opposition de chercher à se réorganiser et cerner l’ampleur du péril, de manière à identifier les nouvelles issues qui s’imposent pour enrayer une fois pour de bon la dictature du RPT et de ses affidés en terre togolaise.
 
KodjoEpou
 
Washington DC
 
USA
 

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