Carlos Kétohou n’est pas Galileo Galilei, mais son sort a croisé celui du savant italien, condamné en 1633, pour avoir dit que la terre tourne sur elle-même.Le patron du journal l’Indépendant Express vient d’être lourdement frappé par le bras judiciaire du RPT. Son crime, c’est d’avoir alerté, le 16 Août, qu’un bateau s’apprêtait à déverser sur le marché togolais des milliers de tonnes de riz couvert d’un produit toxique, le Fumitoxin.Un ‘’crimen majestatum’’ qu’il ne fallait pas commettre sous le ciel togolais.
Carlos avait tort de croire que le Togo vit au 21ème siècle, que les juges, dans notre très démocratique République, ne pouvaient pas fonctionner comme au temps de Galilée.Le voilà qui écope d’une peine astromique: deux cent millions de dommages et intérêts.Et pourtant, le riz importé par la société de Julie Béguédou (“Da Julie”) était contaminé.
Le Fumitoxin, mal utilisé, devient dangereux.Il peut tuer.Qu’en disent les spécialistes? Ce produit de fumigation, au contact de l’air, des substances acidiques et d’autres liquides, dégage un hydrogène phosphide (phosphine ou PH3), un gaz dont l’inhalation cause des malaises: affaiblissement, douleur abdominale, vertige, nausée, diarrhée, vomissement, mal de poitrine.Les personnes exposées au Fumitoxin peuvent présenter de sévères symptômes d’empoisonnement résultant d’un liquide dans les poumons.Chez certains, ces signes s’extériorisent après quelques heures. Chez d’autres, ça peut prendre des semaines, des mois.La mort peut s’en suivre si l’attention immédiate d’un médecin n’est pas sollicitée.A quoi sert un journaliste s’il ne peut pas tirer la sonnette d’alarme face à une fumigation aussi suspecte que celle de la cargaison de riz en passe d’être déversée sur le marché?
Quelles lectures en ont fait les politiciens de Lomé.Le Ministre du commerce, Arthène Ahoumey-Zounou, n’a pas cru devoir observer l’attitude recommandée à un ministre en pareille situation, c’est-à-dire se mettre et rester du côte de la population.Le riz étant, à première vue, impropre à la consommation, la vendeuse peut cacher des idées véreuses.Le haut commis de l’Etat a peur de perdre son poste. Julie Béguédou qui clame dans tout Lomé être l’épouse du président Faure peut le faire virer. A cette seule idée, Ahoumey le juriste et ancien militant des droits de l’homme (CNDH) panique, perd tout son cerveau et invente une solution toxique : le produit que dénonce le journal de Kétohou est réel mais, qu’à cela ne tienne, “il suffit de ratisser une bonne épaisseur de la surface intoxiquée pour éloigner le danger”.Ce faisant, Arthène soutient l’importatrice contre les consammateurs.La justice suit et applique, à l’encontre du pauvre journaliste, la sanction suprême.Verdict corrompu, étayé de zones d’ombre.Même la société Getma citée mordicus par Julie et Ahoumey fera savoir plutard qu’elle n’était pas l’affréteur du navire.
Voici ce qui se passe dans le pays où je vis. En Amérique, lorsqu’une affaire de ce type éclate, au lieu de s’empresser de punir de façon impétueuse l’informateur, les premiers actes que prennent les autorités vont dans l’ordre qui suit: interdire l’accès de la marchandise au marché ou, si elle y est déjà, retier le reste du stock mis en vente; organiser, en plus de l’inspection officielle, une contre-inspection indépendante; ordonner un suivi médical chez un échantillon de personnes ayant pris contact avec le produit, déterminer si ces consommateurs ne présentent pas des symptômes communs liés à leur exposition au Fumitoxin; surtout, fouiller le background et les livres du commerçant, remonter ses filières d’importation et de distribution et, lorsqu’il s’agit d’un marché public, vérifier sa légalité; s’assurer que l’intéressé est à jour avec les règles fiscales et douanières.Ce sont des précautions de bon sens.Ont-elles été toutes prises à Lomé? Une vague réponse prétextant que le riz n’était que partiellement contaminé en surface n’est pas la bonne.Elle manque d’intelligente.
Ainsi, malheureusement, va le Togo où la loi coiffe le citoyen selon sa tête.Dans cette pagaille, les privilégiés s’arrogent tous les droits, se permettent tout et n’importe quoi. Il suffit de citer le nom d’untel, haut placé, comme aime à le faire “Da Julie”, pour bénéficier de passe droits.C’aurait été autrement que la protégée du “haut lieu’’, qui pourrait être redevable à l’Etat, allait se retrouver derrière les barreaux, coupable de toutes les formes de fraudes qui existent dans une république bananière.
Notre compatriote Carlos Kétohou se doit d’être fier d’avoir contraint la directrice d’Elisée Cotrane, Béguédou, et ses protecteurs à enlever la couche toxique de la cargaison de riz, évitant ainsi le pire à la population.L’expérience est douloureuse pour le journaliste certes. Au delà, c’est une leçon de plus qu’avec Faure Gnassingbé et la batterie de femelles se réclamant de lui, certaines comme maitresses, d’autres comme épouses, le Togo n’est pas prêt de mouiller au bon port.
Kodjo Epou

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