L’Afrique vue comme une « terre d’avenir », la rupture avec la Françafrique, l’hommage à la démocratie sénégalaise, l’intervention au Nord-Mali… Retrouvez l’essentiel du discours de François Hollande.
 
Le discours de François Hollande à Dakar, ce vendredi, cinq ans après celui de son prédécesseur, était très attendu et devait donner des indications sur la « nouvelle page » qu’il compte ouvrir dans les relations entre la France et l’Afrique. En voici les principaux points à retenir.
 
Les « fautes » du passé et la « part d’ombre de notre histoire »
 
Saluant la « contribution des Sénégalais à la construction de la France », il a ensuite insisté sur le fait que « la France se souvient aussi qu’en 1914 et en 1940, elle a pu compter sur le concours de nombreux Sénégalais enrôlés de gré ou de force sous le drapeau tricolore. Par deux fois, le sang africain a été versé pour la liberté du monde et je ne l’oublierai jamais. »
 
François Hollande a aussi évoqué les « fautes » du passé. « Notre histoire a sa part d’ombre. La France se grandit quand elle regarde lucidement son passé. L’histoire de l’esclavage, nous devons la connaître, l’enseigner et en tirer toutes les conclusions. Il a confirmé sa visite à la « Maison des esclaves », sur l’Ile de Gorée, au large de Dakar. Pendant ce temps à Paris, Matignon dit réfléchir aux moyens de « réparer » symboliquement et/ou financièrement les conséquences de la traite des Noirs.
L’Afrique, « continent d’avenir », est « en marche »
 
Mais plus que du passé, « je veux vous parler de l’avenir du Sénégal et de l’Afrique », a poursuivi François Hollande. « Si l’Afrique parvient à faire vivre pleinement la démocratie, partout et pour tous, si elle réussit à surmonter les démons de la division, alors elle sera le continent où se jouera l’avenir de la planète. L’Afrique est la jeunesse du monde. Elle est aussi une terre d’avenir pour l’économie mondiale. L’Afrique a tous les atouts pour devenir le continent de la croissance, du développement et du progrès. »
 
L’Afrique a tous les atouts pour devenir le continent de la croissance, du développement et du progrès
 
« L’Afrique est en marche », a-t-il ajouté, assurant le continent de sa « confiance »: « Les principes sur lesquels elle peut fonder son développement sont ceux que vous portez, la transparence, la bonne gouvernance et l’égalité ». « Le changement viendra d’abord et avant tout des peuples. Les Africains ont pris leur destin en main et ce mouvement ne s’arrêtera pas. »
Son message au Sénégal et à Macky Sall
 
S’adressant à Macky Sall, qui fut élu en mars face à Abdoulaye Wade, battu après avoir dirigé le Sénégal pendant douze ans, il a affirmé: « Vous êtes un exemple de transition réussie ». Il a également évoqué ses prédécesseurs: « Les trois premiers présidents sénégalais ont su, dans leur diversité, transmettre le flambeau à leur successeur, permettant à votre pays de réussir des alternances sans déchirement. » « Entre le Sénégal et la France c’est une histoire, une langue une culture que nous partageons, mais au-delà de l’histoire, de la langue, au-delà des personnalités, ce qui nous rassemble aujourd’hui, c’est l’avenir ».
« Renouveler la relation entre la France et l’Afrique »
 
« Le temps de la Françafrique est révolu: il y a la France, il y a l’Afrique, il y a le partenariat entre la France et l’Afrique, avec des relations fondées sur le respect, la clarté et la solidarité », a martelé François Hollande. « Vous avez raison d’exiger de toutes les entreprises qui viennent investir chez vous d’être transparentes », a-t-il jugé, ajoutant que « les officines trouvent porte close à la Présidence de la République et dans les ministères ». Il a aussi rappelé le remplacement du « Ministère de la Coopération par celui du Développement auprès du Quai d’Orsay ». Et la nécessité d’apporter « une définition parfaitement claire de la présence militaire française en Afrique ».
 
« Je ne suis pas venu en Afrique pour imposer un exemple, ni pour délivrer des leçons de morale. Je considère les Africains comme des partenaires et des amis. L’amitié crée des devoirs, le premier d’entre eux est la sincérité. Nous devons tout nous dire, sans ingérence mais avec exigence. » « Je ne cèderai pas à la tentation de la complaisance, je ne l’attends pas non plus de l’Afrique. Nous devons tout nous dire », notamment lorsqu’il s’agira de défendre l’Etat de droit sur le continent africain.
La menace au Nord-Mali
 
Parmi les « menaces » qui pèsent sur l’Afrique, François Hollande a évoqué « les crises alimentaires, les changements climatiques, les trafics de toutes sortes, les conflits, les fondamentalistes ». Mais surtout le cas du Nord-Mali, dominé par les islamistes.
 
« Nous sommes obligés d’agir au nord du Mali. Le territoire est occupé, la population violentée. Les horreurs actuelles ne peuvent plus se poursuivre », a estimé le président français qui soutient une intervention internationale dans cette zone. « Le Mali demande un soutien » et « nous devons le lui apporter. Une résolution est actuellement examinée au Conseil de sécurité de l’ONU pour donner un cadre légal à ce que les Africains décideront eux-mêmes d’engager » sur place. Il a beaucoup insisté sur le rôle des Africains pour gérer les enjeux de leur continent: « les organisations telles que la CEDEAO et l’Union africaine se sont imposées dans le traitement des situations de crise en Afrique. C’est encourageant. »
Un peu d’économie
 
L’économie, enfin, a été abordée par François Hollande au fil de son discours, sous le signe non pas de la « générosité » mais de la « solidarité ». Il souhaite la « consolidation de la zone franc », l’établissement de « relations commerciales plus équitables entre l’Europe et l’Afrique », ou encore « de meilleurs contrats avec les multinationales étrangères, par exemple dans le secteur minier (…) pour permettre aux pays africains de percevoir un juste prix pour leurs ressources ».
 
Avec AFP/reuters
 

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