Après un long moment de comédie et de temps perdu, tout se met en place pour qu’un dialogue « franc et sincère » se fasse entre les vrais protagonistes de la crise politique au Togo. Ceci grâce au concours des personnalités diplomatiques et religieuses. En effet, le président de la Commission Vérité Justice et réconciliation se bat pour qu’un véritable dialogue s’instaure entre les hommes politiques togolais en prélude aux élections législatives et locales. Il met à contribution la haute hiérarchie de l’Eglise catholique afin d’éviter des lendemains électoraux émaillés de violence au Togo.
 
Les divergences entre l’opposition incarnée par le Collectif Sauvons le Togo (CST) et la Coalition Arc-en-ciel et la mouvance présidentielle seront-elles aplanies ? Tout porte à le croire. Et pour preuve, le Président de la Commission Vérité Justice et Réconciliation, Monseigneur Nicodème Barrigah-Benissan vient d’effectuer une visite en Europe où il a pu rencontrer les sommités de l’Eglise catholique. A une question de journaliste sur les autorités ecclésiastiques rencontrées, il a souri et n’a pas accepté se prononcer. Mais les recoupements effectués font état d’une rencontre avec le pape Benoît XVI ou son Secrétaire d’Etat du Vatican, le Cardinal Tartizio Bertone ou encore avec la communauté Sant Egidio sur la crise togolaise. Au même moment, les diplomates accrédités au Togo sont côtoyés pour exiger du gouvernement togolais un autre dialogue cette fois-ci empreint de « sincérité et de franchise ». Dans la foulée de cette visite du prélat en Europe, nous apprenions en fin de semaine dernière que le Chef de l’Etat Faure Gnassingbé s’est envolé également pour l’Italie. Est-ce sur invitation du Souverain Pontife ou de la communauté Sant Egidio? La question reste sans réponse. Même dans les rouages du Chef de l’Etat, il n’y a aucune information sur l’objet de son déplacement. Et comme il est de coutume, des mythes entourent souvent les déplacements du Chef de l’Etat surtout s’il s’agit des sujets qui fâchent.
 
Eglises pour la médiation et pour l’apaisement
 
Les Eglises au Togo sont souvent taxées d’être passives en ce qui concerne leur implication aux processus électoraux au Togo. Certains observateurs les accusent d’être en connivence avec le pouvoir. Une initiative de l’Eglise catholique en vue d’impulser un dialogue sincère entre les différents protagonistes de la crise politique togolaise serait la bienvenue. Elle ne serait d’ailleurs que salutaire pour le pays après plus d’une quinzaine de dialogues infructueux dus à la mauvaise foi du régime en place qui est réfractaire aux réformes et compromis. La meilleure garantie pour ce dialogue en perspective serait qu’elle se déroule sous l’égide d’un homme religieux qui serait impartial et qui serait également chargé de la mise en œuvre des conclusions d’un tel dialogue. Les Togolais sont désabusés par les simulacres de dialogues infructueux et les folklores organisés par le pouvoir depuis quelques mois dans le cadre des élections législatives et locales prochaines. Des lois qui se font et se défont par une Assemblée nationale aux ordres de l’Exécutif, des nominations fantaisistes par ci par là. Tout cela ne fait que susciter de l’indignation auprès de la population qui a du mal à comprendre le jeu que mène véritablement le pouvoir. Une intervention des hommes de Dieu dans les processus électoraux au Togo ne serait que salutaire dans la mesure où les fidèles des églises subissent comme tous les autres citoyens les affres des violences post électorales.
 
Gilbert Bawara dans ses basses besognes
 
Pendant que Nicodème Barrigah et certains diplomates s’empressent à organiser un dialogue entre les acteurs politiques, dialogue au cours duquel les conditions d’organisation des élections prochaines seront le menu principal, le ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et des collectivités locales, Gilbert Bawara était le week-end dernier dans la région de la Kara. Après une tournée de prise de contact, il a eu une séance de travail avec les préfets et les présidents de délégation spéciale des communes de la région. Cette rencontre a permis au ministre de l’Administration territoriale de partager avec les préfets et présidents de délégations spéciales des « mesures à prendre » en vue d’organiser des élections dans le calme et sans violences. « Ce sont des autorités qui sont au quotidien en contact avec les populations et qui connaissent les réalités du terrain. Elles sont aussi confrontées à des difficultés et nous estimons qu’il est important que nous soyons à leur écoute et que connaissions les problèmes qui peuvent exister. Voilà le sens de la tournée que j’effectue », a indiqué le ministre Gilbert Bawara.
 
Les raisons qui expliquent cette initiative ont été également soulevées par l’ancien conseiller spécial du Chef de l’Etat Faure Gnassingbé : « Les préfets ont un rôle important dans le maintien de la paix et de la cohésion. Ils travaillent étroitement avec les forces de sécurité, avec les associations, les groupements et les populations sur le terrain. Je suis aussi venu pour les encourager à poursuivre le travail d’information et de sensibilisation auprès des populations afin qu’elles se mobilisent pour accompagner le gouvernement dans les efforts de développement de notre pays », a affirmé Gilbert Bawara.
 
En se référant à ces propos du ministre Bawara, il ressort que l’organisation d’élections apaisées lui tient à cœur. Mais les élections apaisées ne se décrètent pas mais se préparent en toute franchise. Mais à écouter le Chef de l’Etat et ses lieutenants, on a l’impression que de telles élections s’obtiennent comme tomberait du ciel un fruit mûr.
 
S’il est admis que les préfets et présidents des délégations spéciales sont un maillon de seconde zone dans l’organisation des scrutins, il est souhaitable que ces processus soient préparés en amont avant l’aval. La préparation en amont concerne les conditions réclamées par l’opposition. Et si elles sont réunies, le reste du processus passera comme sur une roulette jusqu’à la proclamation des résultats sans contestation comme cela est de mise dans les démocraties occidentales.
 
En clair, c’est la non préparation du cadre électoral de façon consensuelle en amont qui occasionne des contestations et des cycles de violence. Loin de critiquer une telle tournée mais l’idéal serait pour le ministre de convaincre son mentor Faure Gnassingbé de créer les conditions de transparence, d’équité et de justesse pour les élections en perspective.
 
Vivement que ce énième dialogue qui se peaufine dans les coulisses soit le dialogue de la dernière chance et qui soit empreinte de sincérité pour que le Togo sorte de sa léthargie politique pluri décennale.
 
Jean-Baptiste ATTISSO
 
independantexpress
 

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