Ben Borma, Co-animateur de l’émission « Labo du rire » sur la TV2, atteint par des tirs de balles à Agoè, est décédé hier, faute d’intervention chirurgicale
 
Depuis le jeudi 25 octobre 2012, Ben Ayaovi Borma, Co-animateur de l’émission « Le labo du rire » sur TV2, une émission de l’humour et de la bonne humeur, a été admis au CHU-Tokoin. Et d’après les pronostics des médecins, sa vie ne tiendrait plus qu’à un fil. Et pour cause, il a été la cible de tirs de gendarmes qui lui ont fragmenté la côte. Aux dernières nouvelles, il est décédé hier, dans la soirée, faute d’intervention chirurgicale. Récit des faits.
 
Ben Borma, pour joindre les deux bouts, exerce parallèlement à l’animation télé, le commerce de carburant issu de la contrebande, communément appelé « boudè ». Jeudi dernier, à bord de son véhicule, il se rend au Ghana en compagnie d’un ami et achète la marchandise déclarée illicite au Togo. Comme à l’accoutumée, il paie ses taxes à la frontière et amorce le chemin de retour au bercail. Jusque-là, rien d’anormal. Mais après le village de Ségbé attenant à la frontière, son ami attire son attention sur un véhicule banalisé qui les prend en filature. Après un coup d’œil jeté dans le rétroviseur, il conclut à une fausse alerte. « C’est un véhicule banalisé 4X4, appartenant certainement à des passants », s’est-il dit. Cependant, à Adidogomé, le véhicule tente de les coincer, en vain grâce à la vigilance de Ben Borma. Le Co-animateur du « Labo du rire » vient de réaliser qu’il était effectivement filé. Ne connaissant pas l’identité de ceux qui le traquent, il résiste jusqu’à « Leader Price » à Agoè et se gare à la devanture du domicile de son frère, non loin du marché, à quelques encablures d’une microfinance. Il ouvre la portière et ameute l’entourage sur ce qui lui arrive. A peine a-t-il fini d’exprimer son inquiétude sur l’identité inconnue de ses poursuivants que le véhicule à bord duquel se trouvaient ses bourreaux se gara. Quatre personnes en sortent, se saisissent de lui et le rouent sérieusement de coups. Ses cris de détresse alertèrent son frère et l’entourage qui tentèrent de lui porter secours, avant de se raviser devant les armes menaçantes que ses bourreaux ont brandies.
 
Profitant de cette situation, le jeune infortuné tenta de s’échapper des mains de ses bourreaux et de se refugier dans la maison de son frère. Mais il n’y parvint pas. Il fut interrompu dans son entreprise à la devanture de la maison par des coups de feu tirés sur lui et qui l’atteignirent à la côte droite. Il tomba et se mit donc à gésir au sol, dans l’insouciance la plus totale de ses bourreaux qui se sont révélés être plus tard des gendarmes. Selon des témoins privilégiés de cette scène, les corps habillés ont établi un périmètre de sécurité autour de la scène du crime, qu’ils ont encerclé, avec des armes aux poings. Non seulement ils ne semblaient pas soucieux de porter assistance au jeune qu’ils ont flingué, mais encore, ils interdisaient même aux frères de ce dernier de prendre les dispositions urgentes qui s’imposaient. Pour toute réponse, ils affirmaient qu’une unité de la Gendarmerie allait être dépêchée sur les lieux, avant toute autre chose. Une situation qui a fini par sortir l’un des frères de Ben Borma de ses gonds et poussé ce dernier à engager une véritable joute verbale avec son interlocuteurs resté rétif à toutes ses initiatives pour amener son frère à l’hôpital et le sauver. De fil en aiguille, son interlocuteur lui dira : « Je ne suis pas un criminel. Nos camarades qui ont fait ça ne sont plus ici. Nous, on nous a juste demandé de venir sécuriser la zone. Et selon les consignes reçues, je ne peux pas vous laisser passer». Probablement que les agents de la mort se sont tirés des lieux, avant que celui-ci, alerté par un autre frère de Ben Borma, n’arrive sur les lieux. Mais une fois sur les lieux, au lieu de parer au plus urgent, le Lieutenant Karim, commandant de l’unité de la Gendarmerie dénommée « Unité Spéciale d’Intervention de la Gendarmerie » s’est plu à entamer une longue discussion avec son collègue présent sur les lieux avant lui. Jusque-là, les frères de Ben Borma n’étaient toujours pas autorisés à le voir. Mais ce qui a consterné ceux-ci, c’était un extrait de la conversation téléphonique entre le Commandant de ladite unité et l’un de ses supérieurs. Dans cet extrait, le Commandant aurait dit avoir retrouvé dans le véhicule appartenant à Ben Borma, un pistolet de fabrication artisanale. « Quand ont-ils opéré des fouilles dans le véhicule pour y découvrir une arme de fabrication artisanale? », s’interroge l’un des proches de Ben. Celui-ci se dit d’autant plus atterré par ce rapport « mensonger » qu’il était sur les lieux du crime avant l’arrivée de cette unité et qu’à aucun moment, ils n’ont approché le véhicule pour le perquisitionner. Pis, le fameux pistolet était à côté d’un dépôt de planches et non dans le véhicule, a-t-il dardé. Qui l’a mis là-bas ? Mystère. Deuxième fausse déclaration, révèle un proche du jeune homme, le Lieutenant aurait dit, justifiant les tirs de balles, que Ben Borma tentait de s’enfuir en la famille a pu les accéder à la victime et prendre des dispositions pour l’évacuer au CHU-Tokoin, jeudi dernier.
 
Vingt-quatre heures après son évacuation et quelques soins, il retrouve ses esprits et fait cette révélation troublante qui nous est rapportée: « Quand j’ai eu la balle, un gendarme a tenté de m’étrangler. Je me suis donc mis à crier. De guerre lasse, j’ai dû le mordre. Quant à son collègue, il a tenté de m’écraser la gorge avec ses rangers et de mettre un objet compromettant dans la poche de mon pantalon. Mais étant donné que je portais un jeans serré, il n’a pu le faire ». D’après un frère de Ben, il s’agirait justement d’un pistolet, le même qui été retrouvé plus tard à côté du dépôt de planches. Preuve selon lui, que cette opération n’avait rien à voir avec la lutte contre la contrebande du carburant. « On aurait pu immobiliser le véhicule depuis Ségbé en tirant et en dégonflant les pneus du véhicule », s’est-il emporté. C’était une tentative d’homicide volontaire, a-t-il martelé. « Mais la piste de la bavure pourrait également être sérieusement envisagée, comme les FAT et les forces dites de sécurité en commettent à loisir et impunément, ces derniers temps », s’est-il désolé.
 
L’état de la victime étant très critique, nécessitait une intervention chirurgicale. « Les balles ont pris la côte et le fragment de la côte est tombé dans le poumon droit », témoigne l’un des frères de Ben. Et de s’alarmer : « Le scanner révèle qu’une partie du poumon droit est en bouillie. Et ceci exige une ablation de ce poumon. Mais avant, il nécessite la transfusion d’une énorme quantité de sang. Six poches de sang. Voilà une autre paire de manches pour nous, vu que le Centre national de transfusion sanguine parle d’une pénurie de sang ». Cette intervention chirurgicale pourtant vitale, a été annulée à deux reprises déjà, pour des raisons que l’on peine encore à comprendre. « Hospitalisé depuis le jour de la survenue du drame, son opération a été chaque fois renvoyée aux calendes grecques. La raison, l’équipe d’intervention ne serait pas au grand complet ». Conséquence, le jeune et vigoureux Ben Borma, humoriste de son état est passé de vie à trépas, hier en fin de soirée, dans les plus grandes désolation et amertume de ses proches qui ont pourtant remué ciel et terre pour lui sauver la vie et ont acheté plusieurs cartons de produits prescrits. Que la terre lui soit légère !
 
Selon certaines informations, la Gendarmerie nationale s’apprêterait à lui coller post-mortem, l’étiquette d’un délinquant ou d’un braqueur tué par de braves agents des forces dites de sécurité. Quant à l’ami de Ben qui l’avait accompagné au Ghana, interpellé au prime abord par la Gendarmerie nationale, il aurait été dans la matinée d’hier embarqué par l’A.N.R, la très controversée agence de renseignement.
 
Magnanus FREEMAN
 
Des policiers molestent une dame et sa fillette de 13 ans à Lomé

Dans la nuit de dimanche à lundi, habitants et riverains du quartier « Terrainvito- Nopégali Plage » ont été témoins d’une scène de violence peu habituelle. Les forces de l’ordre pour opérer la saisie d’un véhicule transportant du carburant frelaté, ont violemment molesté une dame et sa fille de 13 ans, avant de repartir avec une somme de 575 800 francs.
 
« Aux alentours de 22h, les forces de l’ordre ont interpellé un véhicule d’approvisionnement d’essence frelatée communément appelée « boudè ». Dans l’intention de le racketter, les soldats ont négocié avec le propriétaire du chargement la relaxe du véhicule contre le versement d’une somme. Les policiers exigeaient 50 000 francs au chauffeur. Finalement, ils sont tombés d’accord sur 20 000 francs. Le versement fait, les forces de sécurité refusèrent de relâcher le véhicule comme convenu. D’habitude, quand ils arrivent sur le lieu d’une saisie, ils prennent leur pot de vin et s’en vont. Mais cette fois-ci, ils n’ont pas voulu relâcher le véhicule. Face à cette opposition, le propriétaire a réclamé que lui soit remboursée la somme qu’il venait de verser. C’est alors que la sœur du propriétaire, sentant que la tension montait entre son frère et les soldats, accourut de sa chambre pour calmer les deux parties, d’autant plus que ces derniers se connaissaient très bien, et qui plus est, ce n’était pas la première fois que les éléments des forces de l’ordre intervenaient pour saisir une livraison ; mais cela se réglait toujours jusque-là à l’amiable. Mais cette nuit-là, ça a dégénéré », raconte Jules, un jeune du quartier, témoin de la scène.
 
« Quand je suis sortie pour calmer mon frère et l’agent, je leur ai dit de ne pas s’énerver pour un rien, puis j’ai dit au soldat : vous êtes des frères, vous traitez ensemble depuis longtemps, pourquoi aujourd’hui vous vous disputez ? Réglons cela à l’amiable, s’il vous plaît », nous a confié Mme Kuawu Dédé Mawussi, la victime.
 
Ce n’est que quand elle comprit que le soldat ne voulait rien entendre et insistait pour saisir la cargaison que la dame a demandé à l’agent de rembourser alors les 20 000 francs, et de partir avec le véhicule. « Quand il a dit sur un ton menaçant qu’il ne laissera pas passer le carburant, j’ai commencé à demander pardon pour que s’ils ne peuvent vraiment pas nous laisser le véhicule d’essence, qu’ils nous retournent au moins les 20 000 francs. C’est là que soudain, je reçus un coup de crosse de fusil dans le dos, puis ils ont commencé à me tabasser et à me molester », raconte la dame.
 

 
Les cris de la dame gémissant sous les coups de rangers et de matraque de ses agresseurs ont alerté le voisinage. Ce furent les jeunes qui ont accouru au secours de la malheureuse dame. Dans la foulée, les forces de l’ordre s’en sont aussi prises à une fillette de 13 ans qui se trouve être la fille de la victime. Cette dernière s’en est sortie avec des bleus et des blessures sur le torse, la main gauche tuméfiée et l’œil droit au beurre noir. Quant à sa fille, elle présente des traces de coups de matraque à l’abdomen, et des contusions. Face aux violences que les forces de sécurité infligeaient à la dame et à sa fille, les populations riveraines ont réagi et les forces de sécurité ont dû faire usage de leurs armes pour se dégager.
 
Après l’incident, Mme Kuawu Dédé Mawussi et sa fille se sont rendues à la Direction de la sûreté nationale pour porter plainte. Vu l’heure tardive de la nuit et l’état dans lequel elles se trouvaient, l’officier leur avait suggéré de se rendre à l’hôpital pour revenir faire leur déposition au lever du jour. Ce qui fut fait.
 
Cependant, alors qu’elle et sa fille étaient à l’hôpital, les forces de l’ordre étaient revenues à son domicile pour y effectuer une perquisition. « A mon retour de l’hôpital, j’ai constaté le remue-ménage dans ma chambre, tout a été retourné […] je ne retrouve plus la somme de 575 800 francs que j’y avais laissée. Ils ont perquisitionné et ont emporté tout l’argent que j’avais dans ma chambre. Lorsque je m’en suis plainte dans ma déposition au poste, l’officier m’a défié d’en apporter la preuve, et m’a renvoyée à la maison en me disant que ce ne sont pas ses éléments qui ont pris mon argent. Je n’ai même pas de quoi me soigner, je suis désemparée, je ne sais plus quoi faire, je ne sais plus à qui m’en remettre », se plaignait la dame.
 
Le phénomène de racket systématique des revendeurs de « boudè » par les forces de l’ordre est devenu monnaie courante. Et vu l’allure où les agents s’y adonnent sans être inquiétés, il y a fort à parier que ces rackets bénéficient de la caution de hauts gradés et de personnalités véreux et peu scrupuleux.
 
Pascal Sewa (Stagiaire)
 
A Adidogomé, un vendeur de carburant fracturé à la jambe, les populations en colère bloquent la circulation
 

 
Des douaniers peu scrupuleux s’érigent en Zorro et font régner la terreur parmi les vendeurs de carburant frelaté. Hier ils ont poursuivi jusqu’à Adidogomé un convoyeur de ce carburant et l’ont poussé sur le macadam au risque de le voir se faire écrasé par un véhicule. Un fait qui a mis en courroux des jeunes qui ont bloqué la circulation en dressant des barricades et en brûlant des pneus.
 
De 10h à 13h, la circulation était bloquée hier sur la voie menant à Adidogomé. Depuis l’agence Togocellulaire de ce quartier jusqu’au-delà du carrefour La Pampa, le goudron était jonché de cailloux, de troncs d’arbres, de pneus en feu et autres ordures ménagères. Des jeunes se sont mobilisés pour ériger des barrages et manifester leur colère. La raison ?
 
Aux alentours de 10h, un conducteur de taxi-moto transportant cinq bidons d’essence frelatée est pris en chasse par deux douaniers qui se sont remorqués sur une moto. Arrivés à hauteur du conducteur, l’un des douaniers a projeté le pied pour désarçonner le motocycliste. Emporté par son élan, celui-ci a tenté de maîtriser la moto, en vain, et sous l’effet de la force centrifuge, il a dérapé sur le goudron. Mais un autre conducteur arrivait avec une certaine allure en sens inverse et ne pouvant l’éviter, le cogne de plein fouet. Sous l’effet du choc, le conducteur de carburant est projeté dans le sable du trottoir. Sous les regards ahuris des passants. On vit les os de sa jambe saillir sous son pantalon. Fracture ouverte du tibia et du péroné, juste en dessous de la rotule. Les sapeurs-pompiers arrivés sur les lieux plus tard ont dû lui poser un garrot pour immobiliser la jambe avant de le transporter à l’hôpital.
 

 
Et comme c’est toujours malheureusement le cas, les gendarmes et policiers envoyés sur les lieux, lassés par la colère des jeunes qui ne voulaient pas libérer la voie et exigeaient que des responsables de la sécurité viennent se prononcer sur l’inconséquence des deux douaniers, ont lancé sans ménagement des grenades lacrymogènes sur la foule. Des militaires venus du camp d’Adidogomé se sont mis à ramasser tout ce qui jonchait la voie. La circulation a repris vers 13h.
 
Au CHU de Tokoin, nous avons pu retrouver la victime de la bavure douanière. Répondant au nom de Mississoé Basile et frigoriste de formation, il a pu nous donner sa version des faits. « Nous revenions de la frontière où nous avons chargé les bidons d’essence, mais c’est arrivés au niveau de la Pampa que deux douaniers nous ont pris en chasse, un autre et moi. Ils ne nous ont pas sommés de nous arrêter et ont accéléré. Arrivé à mon niveau, l’un a tendu le pied et déséquilibré ma moto. Sous le poids des bidons, j’ai été renversé sur la chaussée alors qu’un conducteur de moto venait en sens inverse. Je sentis un choc violent et je me retrouvai de l’autre côté de la voie. J’ai alors vu mes os sortir de mon pied, avec du sang partout. Mais dans mon malheur, je remercie le Seigneur car vous imaginez un peu si en tombant sur la chaussée, un camion de sable était derrière moi ? Quant aux deux douaniers, je les laisse avec leur conscience. Je suis frigoriste de formation et c’est faute de boulot que j’ai accepté de convoyer cette cargaison ».
 
Vivement qu’il reçoive les soins appropriés et qu’il puisse rentrer chez lui sain et sauf.
 
Godson K.
 
liberte-togo
 

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