« En politique, il faut toujours laisser un os à ronger aux frondeurs ». Cette triste dimension de la politique de bas étage est le propre des pouvoirs en souffrance de légitimité. Leurs subterfuges d’accompagnement par la complicité médiocre est ce dont il est question dans les Carnets de Joseph JOUBERT. Cette avarie politique est la source d’inspiration du régime de Faure GNASSINGBE. Cette méthode de sollicitation d’une validation des ordures démocratiques procède d’un stratagème d’ouverture qui intègre des hommes déchus de popularité ou résultant des partis fantômes dont les adhérents tiennent juste dans une cabine téléphonique. La malhonnêteté politique dans les méandres des fausses solutions laisse apparaître une incapacité monstrueuse des régimes pervers jetés à l’abandon par la souveraineté populaire. Leurs dérives s’entendent parce qu’ils sont à la merci de leurs propres combinaisons mortelles.
 
Dans notre pays, les bouées de sauvetage du régime soumis à la pression populaire ont fondu pour faire place à la méfiance, au renoncement, au désistement accusateurs parce que la légèreté et la compromission des frondeurs de la République constituent une chance de survie du régime, la force et l’avenir de ses illusions. Au tournant de l’histoire, l’indulgence et la trahison sont des faiblesses que réprouvent fermement les peuples. Les Togolais ont une longue expérience des appâts politiques empoisonnés. Ils ne produisent plus la moindre sialorrhée des responsables dignes d’audience. Tous ceux qui ont déjà trempé au Togo leurs mains dans la gamelle des offrandes politiques du régime des abominations et des crimes exhalent des odeurs de pourriture insupportable pour les populations. Ils ont contribué bien souvent à réaliser une coalition des falots avec les hommes au pouvoir pour perpétrer une démolition systématique des acquis de la lutte.
 
C’est le regard des Togolais sur les connivences abjectes qui refroidit les ambitions étriquées du contentement politique et provoque des désistements. Or, tout pouvoir victime de désistements en cascades se met en quarantaine parce que ses pratiques, son mal moral, sa déliquescence, son absence de valeurs sont indéfendables. Le régime de Faure GNASSINGBE est dans une condamnation irrémédiable à l’implosion dont les éclaboussures sont intelligemment évitées par ceux qui, de leur dignité et de leur vision, perçoivent de loin la dislocation des empires sur l’échafaud du temps. Cette intelligence politique est en affirmation dans notre pays. C’est l’émergence d’une autorité populaire qui dicte ce type de comportement prudent aux leaders politiques. Le Togo en tant que peuple a pris le pouvoir. Il n’a aucune procuration à donner aux acteurs politiques. Il tient à sa propre survie, à son existence et à son épanouissement. Il fait sa propre police et trace les sillons de ses exigences démocratiques. Son autorité vigile combat les troubadours politiques qui de leurs connivences ont fait tant de misères, de pertes en vies humaines pour des résultats invisibles.
 
Dans une approche de souveraineté, le positionnement du peuple togolais dans un monde en transfiguration implacable où les réclamations populaires ont un venin imparable, les acteurs politiques sont dans la contrainte de prêter une oreille attentive aux exigences populaires. La raison dans l’histoire d’une nouvelle époque ne saurait meubler une issue de secours au prince des impostures qui a dans ses placards tant de squelettes, de cadavres, de violations des droits humains, d’impunités, de crimes politiques et économiques. Les faits et leur caractère sacré portent un coup sévère à la légitimité du pouvoir d’un héritier atypique, sans droiture ni honneur. Dans ses jouissances dionysiennes, importent peu le contrat social, le contrat politique, les accords signés avec les partenaires sociaux, les syndicats…
 
Comment peut-on accompagner une politique du viol permanent, de l’impunité, du crime, des parjures sans perdre son âme, sa valeur humaine, son étoffe morale, son avenir politique, son auditoire et sa crédibilité ?
 
Les permutations des hommes dans l’éternel recommencement du même schéma, des mêmes violations, des mêmes sottises n’ont-elles pas couché définitivement le régime dans une fosse lugubre de l’enlisement ?
 
Les exigences de dialogue sans nuage pour des élections limpides, incontestables peuvent-elles être satisfaites sans que le fou du pouvoir aux ambitions démesurées ne soit déchu de ses rêves ?
 
1) Un pouvoir otage de ses petitesses
 
Les chances étaient offertes à Faure GNASSINGBE de sortir par les grandes portes de l’Accord Politique Global après tous les massacres que la succession dynastique de son père a provoqués dans un embrasement total sur toute l’étendue du territoire. Mais, l’appétit de vivre sans la dignité de vivre, les jouissances du trône sont d’une excitation à mouler le prince dans des prétentions éhontées, dans des parjures, dans des combinaisons immorales qui provoquent un basculement de son pouvoir dans le crime permanent et l’impunité qui appellent le peuple togolais à la révolte, à l’insurrection, au combat résolu pour l’alternance et le changement.
 
Sans analyse politique, sans dignité, le fils héritier ne peut se résoudre à un sursaut d’homme parce qu’il a la faiblesse de croire en la force brute. Son positionnement dans la nuit de l’histoire ne lui offre point l’escalateur affecté à ses pieds pour se tirer avec moins de grabuge du pouvoir. Il fait montre d’une armature psychologique dépourvue de réalisme et d’une lecture propre de l’avenir. Il ignore les leçons du grand spécialiste de l’histoire FÉNÉLON dans sa Lettre à l’Académie : « Les mœurs et l’état de tout le corps de la nation ont changé d’âge en âge. Il est cent fois plus important d’observer le changement de la nation entière que de rapporter simplement des faits particuliers ». Tout le cheminement politique du fils héritier est réductible à ses discours sporadiques sur des faits particuliers comme par exemple l’accaparement de la richesse nationale par une minorité de privilégiés, les attributions de la CPI (Cour Pénale Internationale)… Ce à quoi aspirent profondément les Togolais et vers lequel la convergence nationale marque un changement profond des mentalités pour des perspectives nouvelles n’intéresse guère Faure GNASSINGBE. Les artifices du dialogue au CPDC et dans un prolongement annexe des partis parlementaires ont achoppé sur les mutations réelles de notre Nation qui a pris conscience d’elle-même, dans ses orientations propres pour faire sa propre destinée. Personne ne peut plus imposer aux Togolais le mode du scrutin et la nature du mandat présidentiel. La force de la barbarie ne pourra plus jamais avoir raison des choix nationaux citoyens et républicains. La preuve en est que depuis plus d’un mois, les tueries, les abominations, les blessures, les sacrilèges et les profanations pour briser les ardeurs citoyennes du Collectif « Sauvons le Togo » (CST) rallument la flamme de la contestation populaire.
 
L’idéologie de conservation du pouvoir sans le baromètre psychosocial d’une résistance intégrale fabrique l’engrenage d’autodémolition du pouvoir. Les besoins d’alternance qu’exprime le peuple togolais sont incontournables. Les gesticulations, les affabulations et les manœuvres d’étouffement du soupir brûlant des Togolais sont plutôt des aiguillons du rebond des réclamations. Elles sont plus massives et plus incisives que les caravaniers doivent s’arrêter devant les chiens frondeurs qui n’aboient plus, mais mordent mortellement. C’est le régime lui-même qui arme les Togolais pour la sédition dans son choix délibéré d’escamoter le consensus national qu’est l’APG, dans ses fourberies sans aucun égard pour les syndicats, les partenaires sociaux et ses propres engagements.
 
Un chef qui choisit d’user de son intelligence à se coudre une malhonnêteté, à s’enfermer dans des parjures, à se faire minable dans ses réputations pendant que son peuple manque de tout dans un pays en vrac ne fait mieux que de servir des invitations à la révolte. Les supports les plus brutaux sur lesquels le pouvoir se repose ne tiendront pas bien longtemps. Les hommes véreux vivent toujours avec une peur panique au ventre. Quand le mythe qui les couvre tombe sous la pression populaire et l’engagement acharné sans répit, ils n’ont d’autre solution que de chercher à sauver leurs peaux.
 
Les Togolais ont fait le choix existentiel de ne plus mourir bêtement dans l’indigence deshumanisante dans l’acceptation des crimes économiques et les crimes de masse. Mourir dignement les armes à la main face à un régime barbare est libérateur et d’une dignité absolue. Dans le cri d’engagement des centaines de milliers de jeunes contre le pouvoir aux côtés du CST, la réalité d’une telle motivation amplifie la lutte et éloigne les manifestants de la peur. Cette nouvelle phase de la lutte est le cran de l’insoutenable et de l’exaspération qui creuse patiemment et résolument à ce pouvoir un précipice certain. L’ascendance de la mobilisation et la fidélité populaire aux appels du CST, à ses objectifs, à son combat sont sur une courbe qui accélère les forces de l’alternance. Ce peuple débarrassé de ses plaisantins, de ses troubadours politiques croit enfin en lui-même. C’est le principal de la phase torrentielle du combat direct dont le pouvoir et ses lêche-bottes assermentés ont de vrais soucis. Le pouvoir cherche désespérément un cheval de Troie pour porter un coup dévastateur au rassemblement citoyen du CST. Ce mal de stratégie prouve que Faure GNASSINGBE ne saura jamais réinventer son avenir. Il a pris l’habitude de mépriser ce peuple et de croire qu’il suffit d’en abattre quelques braves gens et le tour est joué. La source du déclin aux éclats pour l’enfer éternel de l’homme des parjures est peinte dans Mes pensées de MONTESQUIEU : «Ce qui m’a toujours nui, c’est que j’ai toujours trop méprisé ceux que je n’estime pas».
 
Faure GNASSINGBE et ses hommes de main, à tout moment, cherchent à humilier l’opposition, le FRAC, le CST, leurs leaders, leurs adhérents, leurs sympathisants et tous ceux qui nourrissent la contrariété parce qu’ils «ne représentent rien». Cette option malsaine et surréaliste est sans issue. Elle renforce la détermination de la fronde, suscite un mépris de défense du côté de l’opposition qui fait perdre au pouvoir son autorité. Quand ceux qui s’estiment grands s’abstiennent du haut de leurs fauteuils de respecter les « petites gens», elles peuvent facilement les gifler avec leurs souliers. Sans noblesse dans l’action ni sincérité, l’autorité périt. Les fourberies, les manèges, les subterfuges, les manœuvres de tous genres, les répressions, l’acharnement judiciaire pour escamoter l’esprit et la lettre de l’APG ont transformé le pouvoir de Faure GNASSINGBE en une pacotille à la merci de tous les vents.
 
2) La chute programmée du régime
 
L’étrange zèle d’Arthème AHOOMEY-ZUNU, ses irritations inutiles et agressives contre l’opposition, ses leaders, leurs actions ainsi que ceux du CST attestent son incapacité à avoir du répondant, de la perspicacité à combler les attentes des Togolais, à franchir le pas de l’évidence avec honnêteté pour être impartial. La personnalité de base et les aptitudes de cet homme désigné pour conduire l’action du gouvernement dont le principal enjeu est le dialogue franc, sincère pour des réformes claires et des conditions d’élections transparentes, justes, équitables, incontestables souffre d’un équilibre, une notion principale sans laquelle la confiance disparaît pour céder la place à la logique du soupçon. C’est précisément sur ce facteur qu’achoppent les négociations, les dialogues et leurs résultats.
 
Le principal auteur des réformes désigné par l’imposteur au pouvoir ne semble pas être autre chose qu’une proximité directe de son maître, c’est-à-dire, un prolongement des coups tordus et de la forfaiture. C’est bien Arthème AHOOMEY-ZUNU qui déclarait contre le CST, soutenant bec et ongles avec une charge rare de l’opposition, la répression sanglante des 12 et 13 Juin derniers dans sa phrase fétiche : «force doit rester à la loi». Même l’acharnement judiciaire contre le CST, ses leaders, ses membres lui apparaissaient comme la règle, une mesure de traitement mérité des imbéciles. Le positionnement d’Arthème AHOOMEY-ZUNU sur les questions d’intérêt national et vis-à-vis de l’opposition est toujours tronqué d’objectivité. Tout le peuple togolais en a la confirmation lors du fameux débat sur la chaîne nationale aux côtés de Pascal BODJONA contre Brigitte ADJAMAGBO et Jean KISSI. L’horreur nous avait tous courbé la tête de honte !
 
Le principe d’évolution d’Arthème AHOOMEY-ZUNU se cristallise dans la confrontation et le complexe de triomphe à n’importe quel prix. Là, réside le cramponnement d’une lutte à mort qui caractérise l’homme qui doit engager des négociations avec l’opposition. Mais, le Premier ministre doit se convaincre qu’il ne tient absolument pas le bon bout dans l’ampleur effervescente de la mobilisation. L’opposition a le devoir d’exploiter à fond l’ascendance qu’elle a prise sur la répression pour poser les principes et les jalons de ses objectifs. Il s’agit pour l’opposition d’asseoir une démarche et un canevas qui éviteraient aux Togolais la diversion, les errances et les déviances ou mécanisme exécutoire des décisions avec un chronogramme propre, infaillible. Le pouvoir de Faure GNASSINGBE ne pourra jamais résister aux réformes claires et nettes. Voilà tout l’enjeu de la crise. Le «petit» refuse de partir avec l’ignorance que les temps ont changé. Avec des réformes institutionnelles et constitutionnelles, avec un assainissement du cadre électoral Arthème AHOOMEY-ZUNU signe l’arrêt de mort de Faure GNASSINGBE.
 
A contrario, sa résistance face à l’opposition donne davantage des ailes à une mobilisation plus frondeuse et généralisée parce que le peuple togolais ne peut plus faire marche-arrière dans ce long combat pour l’alternance. Le maintien au pouvoir de Faure GNASSINGBE n’est pas envisageable au-delà de ses deux mandats. Il ne nous dira pas comme son père «laissez-moi faire un dernier mandat» comme il tente de nous le signifier par la ruse d’une mise en application partielle et tardive de l’APG avec la prétention d’être légaliste. Du RPT à l’UNIR, les petitesses sont énormes et la lumière de la vérité est insupportable. Ce peuple humilié, brimé, volé, pillé, déshumanisé est enfin debout. Il veut panser ses abîmes politiques, morales et ses traumatismes. Que personne ne le cherche plus dans des provocations, dans des prolongations de ses souffrances. Il répond présent pour l’alternance démocratique et ne peut plus se permettre une nouvelle étreinte brutale de ses espérances, de son combat.
 
L’axe principal d’évolution de la lutte populaire est le déguerpissement de Faure GNASSINGBE au nom des réformes propres et sans d’autres feuilletons intermédiaires et inconstitutionnels. Cet objectif est non négociable parce qu’il recouvre l’impératif de l’APG et de la Constitution togolaise qui affirme la limitation du mandat à deux, quelles que soient les circonstances d’exercice du pouvoir. Si «en aucun cas, nul ne peut faire plus de deux mandats» tous les contournements de ce dispositif sont de nul effet. C’est cette exigence constitutionnelle qui nous conforte dans cette idée que la fermeté doit être du côté de l’opposition parce que le viol est le propre du successeur d’EYADEMA. Les deux pôles à ramener à la table ronde sont si éloignés qu’Arthème AHOOMEY-ZUNU est dans un tourbillon du désert et son gouvernement qui a pris au visage des vents de sable aveuglant est déjà handicapé dans sa formation en ce que les ralliements qui étaient l’objectif principal de sa recomposition sont dramatiquement un énorme échec.
 
Tous les acteurs politiques se méfient du RPT et de son nouveau badigeon, UNIR. L’un comme l’autre ignore le principe de réalité pour ne croire qu’en une illusion de l’éternité au pouvoir. Mais, l’utilisation de tous les appareils de répression de l’Etat-police, gendarmerie, justice voire, l’armée ne suffisent plus à contenir l’ère du triomphe des peuples. Les mutations politiques ont la fermeté des peuples. Nous n’accepterons jamais des réformes sélectives et biaisées qui sont des porte-malheurs de toute une République. Dans l’effort universel du mieux-être des peuples, les valeurs de clarté, de mérite, de justice et d’équité gouvernent les nations. Le sectarisme politique et l’hégémonie clanique sont les meurtriers de notre peuple. Le progrès intégral est dans le rassemblement citoyen avec ses exigences de justice et de partage sans exclusion ni triomphalisme parce que «La plus grande vertu politique est de ne pas perdre le sens des ensembles» selon les mots d’Emmanuel MOUNIER dans la Suite française.
 
Aujourd’hui le peuple a surmonté les divisions régionalistes, claniques, ethniques et stratégique du régime. Elles lui ont longtemps servi à nous opposer parce que le pouvoir nous avait dressé les uns contre les autres. Les forces fragmentaires n’ont pas la puissance redoutée qui emporte vite les potentats. L’intelligence et la noblesse de l’unité retrouvée d’un peuple peut réaliser de grands desseins communs et ses orientations propres coulent dans les moules des volontés populaires.
 
Les points nodaux des réclamations de la convergence patriotique ne peuvent plus se dissiper dans le brouillard des subterfuges et dans la férocité de la répression. Le passage en force est dans un cloisonnement étanche des populations plus que vigilantes qui taisent les arrogances. Désormais, les événements gouvernent notre destinée. La mobilisation pour l’alternance est un torrent qui a fait son propre lit. Ou on lui cède le passage ou il fait son passage !
 
Didier Amah DOSSAVI
 
 
lalternative-togo.com
 

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