Jusqu’en 2010, il croyait dur comme fer à l’efficacité des marches des hommes politiques. La preuve, il a lui-même marché plusieurs semaines dans les rues pour contester la réélection de Faure Gnassingbé, au sein du Frac. En quittant Lomé en mai 2010, le président de Sursaut Togo a rassuré les militants du FRAC, à la plage, que son séjour en France ne sera que de courte durée, et qu’il demeure de cœur avec eux. Entre-temps, beaucoup de rumeurs ont circulé sur l’homme et ses positions jugées suspectes par plusieurs observateurs. Depuis quatre semaines qu’il est revenu au Togo, pas même un seul mot public sur les manifestations organisées par le CST dont son association est membre de droit, restant ainsi à l’écart d’une dynamique de mutualisation des moyens qui se dégage au sein de l’opposition. Et lorsqu’il se décide enfin à parler, rien de clair.
 
Lors d’une conférence de presse animée hier au siège de SURSAUT-Togo à Cassablanca (Lomé), Kofi Yamgnane met plutôt l’accent sur sa personne et son association, sème le flou sur ses relations avec le CST et le FRAC, envoie quelques piques aux partis de l’opposition parlementaire qu’il accuse de déplacer le débat politique dans la rue au lieu de l’Assemblée nationale, dénigre les marches des hommes politiques tout en les justifiant en même temps, parle d’une « alternative » au lieu d’une « alternance » sans dire concrètement comment y parvenir dans le contexte togolais. Tout ce dont on est sûr, Kofi de 2012 n’est plus celui de 2010. En tout cas, le discours a beaucoup changé.

Conférence de presse

Mesdames et Messieurs,
 
Je vous remercie d’avoir répondu à notre invitation à cet entretien de presse. Pour le travail difficile que vous effectuez au bénéfice de la démocratie, je vous félicite tous, propriétaires et animateurs des journaux, des radios et des télévisions.
 
Le premier dossier que je souhaite aborder avec vous est celui de la régularité de mes documents d’identité:
 
Vous vous rappelez sans doute l’interdiction qui m’a été faite en 2010 de me présenter à l’élection présidentielle du 04 mars de la même année. La raison, j’allais dire le prétexte, invoquée alors était d’être porteur de deux dates de naissance, «…ce qui est de nature à introduire un doute sur l’identité du Chef de l’Etat que je pourrais devenir… », dixit la Cour Constitutionnelle. Eh oui, mes parents m’avaient donné une date de naissance (11 octobre 1945) et le ministre de l’intérieur de l’époque m’en a donné une seconde (31décembre 1945) ! Le pouvoir RPT allé jusqu’à nier mon appartenance à mon ethnie d’origine et ma nationalité togolaise et ainsi tenter de m’interdire l’accès à toute fonction et à tout mandat dans mon propre pays.
 
Je veux vous dire qu’aujourd’hui, cette invraisemblable situation est réglée et j’en remercie les autorités judiciaires de mon pays. Il faudra donc que le pouvoir trouve une nouvelle raison pour m’empêcher d’aller aux prochaines échéances…et comme il a, parait-il, une fertile imagination, on peut s’attendre à tout le deuxième dossier est celui posé par cette lancinante question que vous vous posez tous: pourquoi une si longue absence du Togo?
 
Il est d’ailleurs étonnant que cette question soit si brûlante puisque tous vous en connaissez la réponse. En effet je suis allé participer à la préparation politique et administrative des primaires au sein du parti socialiste dont je suis membre, puis à la campagne présidentielle de François Hollande aujourd’hui Président de la République française. Je suis fier du travail accompli ainsi que des résultats obtenus et ces résultats justifient amplement l’obligation de présence de tous les socialistes autour de notre candidat pour une bataille qui fut dure, je puis vous le dire.
 
Ce que je peux ajouter est que tout le long de ce séjour, il ne s’est pas passé un jour où je n’ai pas pensé à mon pays le Togo et au peuple togolais: ses souffrances et ses peurs, mais aussi ses combats et ses espoirs. Je veux donc saluer ici son courage et lui dire de rester toujours debout et vigilant car nous n’avons jamais été aussi près du bout du tunnel !
 
Le troisième dossier est celui du combat mené-par le FRAC depuis mars 2010, rejoint par le CST et enfin par l’ARC-EN-CIEL, dernier venu. Ce combat est le reflet de celui plus sourd et plus souterrain que mène en silence le peuple togolais depuis plus de 20 ans. Se battre contre un gouvernement qui nie et bafoue les droits de l’homme est un devoir de tout citoyen. C’est pourquoi, conscient de la noblesse de ce combat, SURSAUT TOGO, mouvement populaire démocratique, a participé, dès mars 2010, à sa naissance et à sa vie. Je salue avec compassion tous ceux qui ont été blessés dans leur corps et dans leur âme durant ces durs combats; je salue la population de Lomé pour son soutien sans cesse renouvelé; je salue les populations de l’intérieur du pays, qui ont relayé la lutte dans toutes les villes du Togo; je salue les étudiants, les jeunes, les femmes, les chauffeurs de taxis et de zémidjans, les ouvriers licenciés sans pitié et surtout sans raison et… je les convie tous à l’espoir.
 
La longue liste des affaires qui secouent notre pays n’honorent pas la « démocratie apaisée » de Koffi Souza, alias Charles Debbasch: embastillements illégaux, viols, pédophilie, corruption, escroqueries…mais quoi attendre d’autre dans un pays où l’impunité est l’alpha et l’oméga de la gouvernance ???
 
Mais nous ne sommes pas seuls dans le combat pour les libertés les droits de l’homme et la démocratie. Nous devons dédier notre combat aux autres peuples qui luttent à travers le monde: en Syrie contre la dictature; au Mali contre l’intolérance religieuse.
 
Il me reste à évoquer les échéances électorales prévues au cours du présent mois d’octobre et dont les modalités n’ont pas trouvé le consensus nécessaire à une bonne organisation et à la transparence du scrutin: modification unilatérale du code électoral et du mode de scrutin; charcutage des circonscriptions électorales; déni du droit de vote aux membres de la diaspora, citoyens togolais à part entière…etc.
 
Quoi qu’il en soit, le combat du peuple pour que soit respecté son droit de choisir librement ses dirigeants, ne s’arrêtera que lorsque cette liberté fondamentale sera conquise. C’est la raison pour laquelle SURSAUT sera présent sur l’ensemble de ces fronts électoraux.
 
En ce début de siècle, le monde entier est entré dans l’ère de la justice, de l’égalité, de la liberté et de la fraternité. Le Togo aspire, lui aussi, à ces valeurs universelles: aucun régime, ni politique, ni idéologique, ne peut s’opposer à la marche de l’Histoire et ceux qui prétendent le contraire prennent le risque de se consumer dans l’incendie qu’ils auront ainsi volontairement allumé.
 
Kofi Yamgname
 
Président de SURSAUT TOGO
 

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