La presse, l’opinion nationale et internationale, le corps diplomatique, la rue en ont fait leur chou gras. Les acteurs, eux tous, sont pointés du doigt. Même à New York, à l’Assemblée générale des Nations unies, Faure Gnassingbé s’est donné la peine d’expliquer les contours de cette affaire. Le Premier Ministre Ahoomey-Zunu, qui a pris le vol pour l’Europe hier, devra également répondre de cette rocambolesque affaire qu’est celle dénommée d’escroquerie internationale. Cette affaire a suffisamment fait parler du Togo à l’étranger et il est temps qu’en tant que premier magistrat de l’Etat, le président de la République face économie des interprétations négatives qui affectent l’image du Togo pour mettre fin à ce dossier, en sifflant la fin de la récréation. Faure Gnassingbé en a les moyens.
 
Dans une discussion informelle avec un diplomate influent de la place, l’affaire d’escroquerie internationale dans laquelle est détenu l’ancien ministre togolais de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Pascal Akoussoulèlou Bodjona, est évoqué. Le diplomate, sans langue de bois, pense que, prise sur le plan hautement politique, l’interpellation par Faure Gnassingbé de son ami et proche collaborateur relève d’une erreur. Et l’homme poursuit qu’il n’est pas encore tard pour le président de la corriger, puisqu’il a encore les prérogatives de mettre fin à cette imbroglio qui marque ce dossier. Pour lui, la roue de l’histoire tourne et chacun a sans doute son tour. Le traitement réservé à un ami, ennemi ou quelque quidam te sera rendu irrévocablement par mère nature qui a aussi ses lois, les lois plus tranchées que celles humaines.
 
Le diplomate, sans doute averti de la situation politique togolaise, a énuméré l’important rôle que Pascal Bodjona a joué pour stabiliser le pouvoir de Faure Gnassingbé. Il a cité entre autre les périodes de 2005 avec l’avènement de Faure au pouvoir à la mort de Gnassingbé Eyadéma, les élections législatives de 2007 et plus récemment la présidentielle de 2010.
 
Le Chef de l’Etat sait plus que quiconque le rôle joué par son ancien Directeur de cabinet dans son maintien à la tête du Togo contre vents et marrées. Cela a valu sans doute à Pascal Bodjona l’inimitié de plusieurs acteurs politiques, notamment des militants de l’UFC qui pensent que c’est l’homme de Kouméa qui est à l’origine des dérives de Gilchrist Olympio qui est en plein pied aujourd’hui aux côtés de Faure. Bref, Pascal Bodjona est l’homme qui a pris tous les risques d’Etat pour protéger un mentor qui aujourd’hui semble le lâcher.
 
Pascal Bodjona, un mutisme qui étonne
 
La plupart des responsables de l’opposition qui ont volé au secours de l’ancien ministre après son interpellation ont voulu, stratégie politique oblige, récupérer l’ancien secrétaire aux affaires politiques du RPT pour faire la peau à son mentor, Faure Gnassingbé. Malheureusement, de toutes les discussions et de tous les constats, Pascal Bodjona est resté fidèles à sa ligne première d’innocenter Faure Gnassingbé dans cette affaire. Il pense que le chef de l’Etat est sans doute tombé dans les manœuvres des détracteurs qui voulaient créer un pont entre eux et qu’il arrivera le moment où il se ravisera. C’est ce moment qui est donc attendu pour que la raison, le fruit de la fidélité et la mesure de la collaboration et de la fidélité, puissent prendre le pas sur la rancœur, la vengeance et les erreurs. C’est pourquoi, l’on a constaté, Pascal Bodjona n’a laissé filtrer aucun dossier sensible, susceptible de créer des préjudices à son mentor. Ancien directeur de cabinet de la Présidence, ancien Ministre de l’Administration territoriale et homme au cœur du système et du parti, il a dû voir et constaté des dossiers sensibles qu’il pourrait balancer pour créer une situation de crise. Mais les observateurs constatent avec beaucoup d’étonnement le silence, mieux le mutisme de cet homme face à sa situation, continuant à disculper Faure Gnassingbé. Ce sont de vrais signes de fidélité. Il attend sans doute que le Chef de l’Etat lui-même lui signifie clairement que c’est lui qui lui en veut avant de croire qu’il est son ennemi.
 
La France à dos
 
Le Président Français, François Hollande, a exprimé à Faure Gnassingbé à New York être préoccupé par la situation de son compatriote et lui a demandé de laisser la justice togolaise faire son travail. La France c’est la France, le citoyen français est le citoyen français, et Loïk Le-Floch- Prigent en est un, pas des moins influents. Ancien patron d’Elf Aquitaine, il a dû influencer pendant longtemps et sans doute encore aujourd’hui les relations économiques entre l’hexagone et le Togo. Le traitement de radicalisme judiciaire avec lequel il est malmené ne peut, en aucun cas, laisser le citoyen français lambda indifférent. Les compensations diverses sont permises dans les relations diplomatiques, même dans les situations de prises d’otages.
 
Même si la justice togolaise inculpe le citoyen français dans cette affaire, il y a toujours des moyens de répondre aux sollicitations des conseils de celui-ci. L’avocat de Loïk le Floch Prigent demande une liberté provisoire pour sont client avec un motif médical. Ceci est assez valable pour que la justice togolaise puisse permettre au Français d’avoir l’occasion de faire ses consultations médicales. Une occasion pour Faure Gnassingbé de profiter pour siffler la fin de la récréation.
 
Sursaut d’orgueil
 
Le présumé cerveau de l’escroquerie, Agba Sow Bertin, ayant été libéré depuis le mois de juin par la Cour suprême sous caution et maintenu en détention à la prison de Tsévié, la procédure d’interpellation de Pascal Bodjona ayant été viciée, le Ministre lui-même continuant de démontrer sa fidélité à son mentor, Loïk Le Floch Prigent ayant d’ores et déjà des ennuis de santé, on parle d’un cancer de prostate, le premier magistrat du Togo a donc le devoir de siffler la fin de la récréation et de mettre chacun devant une future responsabilité. Ceci ne passera que par un sursaut d’orgueil. Les enfants, amis et entourage de Pascal Bodjona apprendront à leurs dépens que Faure Gnassingbé fut un homme d’Etat, qui a su juguler une situation, au nom de la considération fraternelle et politique.
 
Cela mettra Faure Gnassingbé dans une situation de chef d’Etat à la hauteur des situations et le mettra à l’abri de toutes les polémiques entretenues dans une affaire où un Saoudien se plaint d’avoir été berné parce que lui-même prétendait venir chercher une fortune appartement à un quelconque individu. Une affaire sans tête ni queue qui présente une image négative du Togo, de sa justice et de son président. Le bon sens est sans doute la chose la mieux partagée au monde.
 
Carlos KETOHOU
 
independantexpress
 

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