La Société Elisée Cotrane réclame 3 milliards FCFA à Liberté, le Procureur requiert 1 million
 
Renvoyé plusieurs fois déjà, le procès dans l’affaire de riz toxique qui oppose le Ministère public au journal Liberté s’est enfin tenu hier à la grande salle d’audiences publiques du Palais de justice de Lomé. La société Elisée Cotrane dirigée par Julie Béguédou, une intime du chef de l’Etat, qui s’est constituée partie civile dans cette affaire, a réclamé la somme astronomique de 3 milliards FCFA et 1 Franc symbolique, tandis que le Ministère public quant à lui, dans son réquisitoire, demande 1 million FCFA.
 
Cette affaire est partie de 5000 tonnes métriques de riz débarquées au Port Autonome de Lomé le 08 août 2011 par les soins de la Société Elisée Cotrane, en vue de sa commercialisation. Mais le hic, c’est que la cargaison avait été traitée avec du FUMITOXIN, un fumigant, une substance jugée toxique. Comme une sentinelle, le quotidien « Liberté » a mis la population en état d’alerte en écrivant dans sa parution du mardi 16 août 2011, à la manchette : « La vie des Togolais menacée. Du riz hautement toxique débarqué au Quai 3 du Port autonome de Lomé ». Et c’était le début d’une série d’articles qui seront publiés plus tard. Entre autres, « Affaire du riz toxique au Port de Lomé, la DG d’Elisée Cotrane, Julie Béguédou se démène mais peine à convaincre », ou encore « Affaire de riz toxique au Port Autonome de Lomé, mensonges à tous les niveaux, le doute persiste sur la qualité de la marchandise ; le riz vient de la Thaïlande et non des Etats-Unis d’Amérique ».Toutes ces publications ont un seul dénominateur commun : c’est qu’elles ont insisté, persisté et signé : la quantité de riz déporté est toxique car le FUMITOXIN est, d’après des études, un produit dont la toxicité est avérée. Voilà les articles qui fâchent dame Béguédou ; le « casus belli » comme le dirait l’autre.
 
La partie civile représentée par Mes Botokro, Laré et Amégankpoé, s’est employée à expliquer les charges retenues contre « Liberté » et son Directeur de la Publication. Me Botokro s’est amusé à mettre en cause la fiabilité du document produit par « Liberté » et qui atteste que la provenance du bateau n’était pas les Etats-Unis mais Khosichang, une île thaïlandaise. L’unique élément sur lequel se fonde l’avocat, c’est un rapport d’ESTBA (Ecole Supérieure des Techniques de Biologie Alimentaire) de l’Université de Lomé qui a conclu à la non toxicité du riz. Et d’ajouter que personne n’est venu se plaindre de la qualité du riz ou encore qu’on n’a vu personne décéder après avoir consommé ce riz qui a été vendu. A sa suite, Me Laré relève qu’il n’y a pas eu en amont, d’analyse clinique ni de preuve scientifique de ce qu’il considère comme des allégations du journal « Liberté » et affirme que l’inculpé a traité sa cliente de tous les noms. Aussi allègue-t-il un préjudice moral et un préjudice commercial à charge pour l’inculpé de réparer.
 
Faux ! Rétorque Me Kpande-Adzare l’un des avocats de la défense. Il a démontré qu’il n’y avait pas eu publication de fausses nouvelles ni d’atteinte à l’honneur, aucune preuve n’en ayant été rapportée
 
La surprise est venue de Me Amégankpoé. Après avoir fait amende honorable pour avoir dit que les débats étaient semblables à ceux du cours élémentaire, des propos injurieux à l’égard des avocats du journal mis en cause, il a considéré « l’entêtement » de ce dernier comme « un acharnement contre la DG d’Elisée Cotrane ». Ensuite, il a complètement mis les pieds dans le plat en prétendant que du fait de ces articles qui étaient une sorte de contre-publicité pour ce riz, il était devenu invendable. Aussi a-t-il estimé le coût du riz et de ses accessoires à une dette de 3 milliards FCFA, que la société Elisée Cotrane devra payer. D’où la justification des 3 milliards FCFA à titre de dommages et intérêts et d’un franc symbolique qu’elle réclame au journal incriminé. Quelques minutes plus tôt, son collègue Botokro déclarait pourtant que personne ne s’est plaint de la qualité de ce riz vendu et que personne n’est mort après en avoir consommé. Une contradiction que n’a pas manqué de relever Me Jil-Benoît Afangbédji, l’un des avocats de la défense.
 
Le sort de « Liberté » dans cette affaire sera connu le 15 février prochain. Comme l’a dit à la barre le Directeur de la Publication du journal, vivement que le juge rende un jugement juste !
 
Magnanus FREEMAN
 
liberte-togo.com
 

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