La ville de Kara, longtemps tenue comme fief du pouvoir RPT étant la ville natale du feu président Gnassingbe Eyadema, et le symbole des théoriciens politiques du clivage Nord-Sud, connaît un mouvement de contestation sans précédent depuis le debut de cette semaine sous l’initiative des Étudiants de l’Université de Kara.
Les étudiants de l’Université de Kara, situe dans la région septentrionale à 430 kilomètres de la ville de Lomé, réclament de meilleurs conditions d’études. Les revendications remettent en cause le système d’octroi des bourses. Ils contestent notamment les conditions d’octroi des bourses universitaires et des allocations de secours annoncées la semaine dernière en conseil des ministres.
“Nos revendications sont simples. Nous voulons une allocation de secours pour tous les étudiants sans exception et des bourses aux méritants”a déclaré le président du collège des délégués Franck Elegbede.

Prise en otage du prefet (photo prise par un etudiant)

Depuis ce matin on signale des échauffourées entre forces de l’ordre et des milliers de manifestants. Chassés de l’université par les forces de l’ordre, les manifestants soutenus par la population de Kara ont pris d’assauts les artères de la ville.
La poste, les domiciles de quelques barons du RPT, parti au pouvoir, les voitures des forces de l’ordre sont saccagés. Le préfet Kadja Abaloundjam séquestré pendant plusieurs heures; des pneus brûlés, les routes et la nationale N°1 barrées. Selon des témoins, les gendarmes seraient débordés face à la ténacité et à la détermination des manifestants.
Par solidarité, les Étudiants de l’université de Lomé, ont observé ce matin un sit-in qui s’est terminé par des pluies de gaz lacrymogènes.
Suite à ces mouvements, le gouvernement vient de décider de la fermeture provisoire de l’université de Kara.
Cependant au delà du caractère estudiantin de cette manifestation, c’est tout un schème psychologique collective qui se dé-construit pas rapport aux supposés clivages entre Nord et Sud.
Les discours ou les propagandes qui opposent le Nord au Sud a été une contorsion politique des colons occidentaux contre la lutte des indépendances. Dans cette même logique, les valets qu’ils ont mis au pouvoir depuis l’assassinat de Sylvanus Olympio jusqu’à nos jours continuent de surfer sur cette division chimérique, entraînant aussi l’opposition qui dans les années ‘90 s’étaient servie à cette sauce divisionniste.
Pour étayer ce mensonge, les résultats frauduleux des élections sont taillés afin de corroborer cette croyance. Par exemple aux dernières élections présidentielles, sur 122.845 votants dans la Kozah (Nord), Faure Gnassingbe du RPT obtient 118.259 voix soit plus de 96%.
Par contre dans la préfecture du Golfe (Lomé), sur 174.499 voix, l’opposition rassemblée obtient 105.951 voix soit plus de 60%.
De ce fait certains analystes n’ont de sources d’analystes ethnicistes que ces résultats fantaisistes pour soutenir leur théorie divisionniste Nord-Sud.
Même la forte représentativité des Kabye (ethnie du chef de l’Etat) dans la fonction publique n’est-elle pas un mécanisme du pouvoir pour s’assurer le soutien d’une frange de la population qui n’a pas dit son dernier mot?
Heureusement que ces discours ne sont que des discours à l’image de ces politiciens véreux et vicieux.
Aujourd’hui la ville de Kara, par la bravoure des Étudiants, s’exprime en dé-construisant le mythe qui l’a longtemps qualifié de ville acquise pour le pouvoir RPT. Et ce n’est pas la première fois. Même lors du coup d’État de quelques vieux généraux et de Faure Gnassingbe, la ville de Kara comme toutes les autres villes s’était embrasée.
N’est-ce pas que chassez le naturel, il revient au galop?
Le naturel c’est la misère que la majorité des Togolais ont en partage sans différence ethnique, puisque la misère n’a pas de visage. Le naturel, c’est cet animal intérieur qui gît au fond de tout homme et qui au moment opportun rassemble la multitude de nos différences pour engager le combat de la liberté.
Aujourd’hui cette manifestation au delà du cadre estudiantin, a le mérite de prouver aux Togolais que nous sommes, que le combat pour la libération est un voeu de tout Togolais qu’on soit du Nord ou du Sud, de l’Ouest ou de l’Est.
source: togocouleurs

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